Les enfants palestiniens formés à la haine génocidaire


Manfred Gerstenfeld

Le traducteur qui s’est porté volontaire pour effectuer ce travail considérable mérite notre chaleureuse reconnaissance. Il a souhaité émettre les remarques suivantes, que je recopie volontiers ici : « J'ai quelques réserves avec le fond scientifique de l'article, même si ses constats factuels sont très importants. Cet article s’égare parfois dans des détails techniques en matière psychologique, qui oublient de souligner l’essentiel : nul besoin de suspension ou d’altération d’un état de conscience critique quand l’endoctrinement précoce n’a jamais laissé place à un développement mental indépendant. L’endoctrinement et la manipulation mentale conditionnent alors radicalement les racines de la pensée et du langage. De plus, il peut être méthodologiquement douteux de solliciter le rôle des neurotransmetteurs et la sécrétion d’acides aminés dans le conditionnement martial pour une question qui est d’ordre culturel et donc langagier. L’écoute de rythmes militaires ne rend militants que les individus ayant déjà associé des valeurs appréciatives positives aux univers notionnels du combat, du djihad, de la haine, etc. » Dont acte.

(Menahem Macina).

FrontPageMagazine.com

Texte anglais original : "Indoctrinating Palestinian Children to Genocidal Hate".

Traduction française : Jean Szlamowicz



Des campagnes d’incitation à la violence ciblant les enfants, soigneusement organisées et de grande ampleur, existent au sein de l’Autorité Palestinienne comme dans le territoire de Gaza contrôlé par le Hamas. Elles conduisent les enfants palestiniens à désirer s’associer à des actions terroristes. Dans l’interview qui suit, la psychiatre Daphné Burdman s’intéresse aux croyances culturelles fortement enracinées qui engendrent cette incitation à la violence. Le docteur Burdman a été professeur adjoint de clinique en pathologie, à l’Université de New York (Stony Brook) et lieutenant-colonel dans l’armée américaine.



Manfred Gerstenfeld: Pouvez-vous nous décrire brièvement comment fonctionne le processus de mobilisation ?

Daphne Burdman: Des campagnes d’incitation à la violence ciblant les enfants, soigneusement organisées et de grande ampleur, existent au sein de l’Autorité Palestinienne comme dans le territoire de Gaza contrôlé par le Hamas. Cela a produit des effets profonds sur la psychologie des enfants palestiniens. Du fait de cet endoctrinement précoce, les enfants apprennent à avoir une vision positive de leur rôle dans des actions terroristes qui peuvent leur coûter la vie. Cette propagande incitative devrait être mieux étudiée. Il faudrait ensuite analyser la façon dont cela s’intègre dans le cadre plus général de l’idéologie génocidaire palestinienne et musulmane. En dernier lieu, il faudrait s’intéresser à des méthodes de désintoxication pour les enfants ayant subi ce lavage de cerveau.
MG: Pourquoi en savons-nous si peu sur ce sujet ?

DB: Ce processus d’embrigadement a été peu couvert par les médias internationaux et il est donc peu connu des occidentaux qui ne vivent pas sur place. La plupart des Israéliens, qui vivent pourtant plus près des sources, ne sont eux-mêmes pas conscients de la sinistre efficacité de ces programmes. Ils se fondent sur des techniques éprouvées de persuasion et d’embrigadement, et sur d’autres plus innovantes. Certaines techniques ont été utilisées avec beaucoup d’efficacité par des régimes totalitaires comme l’Allemagne nazie, par le KGB soviétique ou les services secrets chinois. Il y a de plus en plus de preuves montrant que certaines de ces sources ont inspiré ou directement entraîné des membres de l’Autorité Palestinienne. (1)
MG: A quoi aboutit cet embrigadement ?

DB: La mobilisation des enfants palestiniens a produit une haine généralisée et une envie de violence qui s’est exprimée dans la participation des enfants aux jets de pierres et aux attentats suicide contre les Forces Armées Israéliennes ou les citoyens israéliens. Les dirigeants palestiniens incitent les enfants à entreprendre des actions violentes de cet ordre contre les Israéliens même quand il est probable qu’ils seront blessés ou tués. Ils leur promettent qu’ils seront considérés comme des martyrs et des héros, admirés par la société palestinienne et destinés à trouver leur place au paradis aux côtés d’Allah. Avec de tels encouragements, les peurs naturelles des enfants se trouvent endormies. Ils en viennent ensuite à désirer se retrouver dans des situations de danger physique où ils risquent leur vie.

Le martyre fait partie du système de croyance de l’islam chiite depuis ses débuts. Il a été développé par l’Ayatollah Khomeini avant même la révolution iranienne et il a pris une grande importance dans d’autres courants de l’islam militant depuis les années 1960. De nombreux Palestiniens sunnites ont choisi de faire la propagande du martyre.

MG: Avez-vous des éléments concernant les méthodes et les outils de ces campagnes d’embrigadement ?

DB: L’embrigadement de masse des enfants repose sur des campagnes très soigneusement organisées qui s’appuient sur des croyances culturelles profondément ancrées et sur des mécanismes psychologiques fondamentaux. L’embrigadement utilise une méthodologie multimodale prêchant nationalisme palestinien, martyrologie et, avec le Hamas, la mondialisation d’une sharia hégémonique. Ces campagnes se servent des médias, des écoles, de la rue et des grandes figures religieuses.

Dans les zones palestiniennes, l’embrigadement est loin de se limiter aux livres d’école et à la télévision. Il s’agit de se servir de moyens sociétaux variés, comme les journaux, les parents, les enseignants, et notamment d’un enseignement qui encourage et récompense l’adhésion tout en stigmatisant les élèves moins engagés. Les imams ont une grande influence pour souligner efficacement les objectifs du jihad et du martyr. Depuis les stages d’été jusqu’au fait de donner des noms de martyrs aux rues, aux terrains de jeux et aux équipes de football, tout est fait pour construire une certaine atmosphère au sein de la société.

MG: On est souvent surpris de constater que cette propagande fonctionne aussi bien. Comment cela se fait-il et pourquoi ?

DB: Il faut prendre en compte le panorama de la société que je viens de décrire et aussi des mécanismes psychologiques qui relèvent de la théorie de l’apprentissage et de l’apprentissage social qui sont mis en œuvre par les éducateurs de l’Autorité Palestinienne. (2)

a) Apprentissage par cœur de formules dont la répétition permanente doit avoir un effet de mantra.

b) Récompenses pour la bonne assimilation de ces slogans sous la forme d’une approbation sociale, connue pour être la plus puissante des motivations. Inversement, la relégation sociale est la sanction la plus dure, en particulier dans de telles sociétés très homogènes où la condamnation sociale est la punition pour tout refus d’adhérer au projet social.

c) L’adhésion à un système de croyances collectif dans une société patriarcale, arme d’une grande puissance.

d) La référence à des modèles positifs proposés par les enseignants, les autres figures d’autorité ou des pairs dotés de prestige qui favorisent l’apprentissage du message de fond.



MG: L’émotion n’est-elle pas un facteur psychologique important dans l’endoctrinement ?

DB: Parmi les divers facteurs psychologiques permettant l’endoctrinement, le recours à l’émotion est l’arme suprême (3). Le culte de la haine est primordial : c’est la détestation des Juifs, et dans une moindre mesure des Américains, qui est le but de la transmission. Des recherches universitaires datant des années 1980 ont montré que la perception émotionnelle prenait le pas sur les considérations rationnelles quand il s’agissait de juger de l’acceptabilité du message proposé par un locuteur lambda. On a trouvé ces constatations révolutionnaires à l’époque (4), mais elles ont tendance à s’imposer aujourd’hui (5). Reste que cette réalité était déjà bien connue d’Adolf Hitler, le plus grand des manipulateurs, qui a su promouvoir la haine afin d’attirer un public de masse et le convaincre d’adhérer à ses monstruosités idéologiques. Il le dit lui-même :

« (…) la Révolution Française (…) s’est appuyée sur une armée d’agitateurs, emmenée par des démagogues (…) qui ont déchaîné les passions du peuple (…) ».

Il poursuit en constatant que

« la Révolution Bolchévique en Russie n’a pas été déclenchée par les écrits de Lénine, mais par le travail d’orateurs, de grande ou petite envergure, apôtres de l’agitation, qui ont suscité des sentiments de haine. » (6).

Aujourd’hui, les grandes entreprises de communication ne cessent de faire valoir l’utilisation de l’émotion dans le processus de persuasion ou de vente, notamment des émotions positives que sont l’espoir, l’attente d’événements positifs, le désir d’acquisition d’objets, mais elles reconnaissent également l’importance de la peur. (7).

MG: Quels sont les éléments de cet endoctrinement qui sont spécifiques à la société palestinienne ?

DB: Dans la société patriarcale palestinienne, la manipulation des émotions chez les enfants repose sur la peur de déplaire à Allah. Des proverbes arabes proclament : « qui apporte satisfaction à son père apporte satisfaction à Allah » mais aussi un message plus angoissant comme « la colère du père est la colère d’Allah » (8). Les messages télévisés de l’Autorité Palestinienne exploitent aussi beaucoup la colère et la haine à l’égard d’Israël, l’assentiment d’Allah et l’espérance — grâce au martyre — d’une place au paradis. Cela fait une masse d’arguments très convaincants. Les sociétés autoritaires et totalitaires islamiques facilitent déjà la fixation et la diffusion de telles opinions.

Des études ont montré que les rythmes de tambours qui sont le fond sonore des messages télévisés de l’Autorité Palestinienne augmentent jusqu’à un niveau explosif l’état de tension physique et de fragilité face à la suggestion, ce qui accroît l’état de réceptivité vis-à-vis des messages auditifs. Ces recherches s’appuient sur la corrélation indiscutable entre les variations de l’encéphalogramme et les variations des tambours dans des cérémonies étudiées dans des religions primitives (9). Par ailleurs, la voix du speaker et les paroles des chansons véhiculent des messages célébrant la haine, le nationalisme, le sacrifice et le martyre.

MG: Les Occidentaux ne semblent pas bien comprendre cette dimension. Pourquoi ?

DB: L’idée que l’on puisse être converti à l’idée de se détruire est un mystère pour la mentalité occidentale. D’une part, cela implique des états de conscience altérés, une fragilité face à la suggestion et quelque chose de la transe hypnotique. Il n’y a pas besoin d’être endormi pour en arriver là. La littérature scientifique sur l’hypnose nous montre qu’il existe des états de conscience où notre jugement critique est suspendu. Parmi les grands chercheurs dans le domaine de l’endoctrinement sectaire en occident, Marc Galanter, un professeur de psychiatrie aux idées bien arrêtées insiste sur « l’altération de la conscience », c’est-à-dire la fragilité face au pouvoir de suggestion et à la transe. C’est également le cas de Margaret Thaler Singer, qui était une remarquable spécialiste des phénomènes sectaires (10). De tels mécanismes sont à l’œuvre dans l’endoctrinement palestinien, à cette différence près que l’endoctrinement sectaire en Occident n’existe qu’aux marges de nos sociétés, tandis que l’endoctrinement palestinien est un élément-phare de cette société, en particulier depuis l’avènement de l’Autorité Palestinienne en 1993.

Les recherches récentes d’Abela sur la transe hypnotique indiquent que, dans les cas d’hypnose, le contrôle des facultés mentales, du raisonnement et du jugement, qui était en place auparavant, cède face aux centres cérébraux qui traitent la réception des messages auditifs et des injonctions formulés par l’hypnotiseur (11). D’autres recherches, de Gruzelier, parmi d’autres (12), qui utilisent l’Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) et la Tomographie par Emission de Positons (TEP), démontrent clairement une activation sélective de zones cérébrales distinctes durant l’hypnose, bien que les conclusions théoriques de Gruzelier ne soient pas exactement celles d’Abela. Nous avons la preuve concrète de phénomènes d’hypnose. La recherche des neurophysiologistes et des neuropsychiatres essaie actuellement de débrouiller un écheveau très complexe. Il y a également des raisons de penser que la musique occupe une place éminente dans l’endoctrinement.
MG: Pouvez-vous développer cet aspect musical ?

DB: Dans un article de 2003, je mentionnais déjà un exemple d’embrigadement des enfants, en l’espèce d’une vidéo de 15 minutes comprenant une bande son en arabe et un fond sonore musical avec des incrustations de traduction et d’explications en anglais (13).

Ces contenus télévisuels présentent clairement un style dont l’effet est spectaculaire, très intense et émotionnel. L’objectif de ce style étant d’influencer les enfants, les éléments non verbaux sont tout aussi importants que le message explicite, notamment des techniques d’influence auditives et visuelles très efficientes qui produisent des émotions renforcées (14).

La musique fait partie des techniques principales. Elle adopte parfois un rythme militaire. Elle est prenante, très accentuée rythmiquement, souvent répétitive avec un motif rythmique unique. L’expression en est parfois triomphante, parfois sobre et plaintive, nostalgique avant de monter dans un crescendo accompagné de paroles émouvantes. Les chants sont souvent ceux qui sont associés aux processions funèbres des shahidin (martyrs) du Hamas ou du Jihad Islamique, tombés au combat. Le caractère militaire de ces incantations poignantes est patent. Souvent, il y a de longs passages musicaux où l’on perçoit, à la limite de l’audible, enfoui sous la musique au rythme lancinant, un mot qui est répété comme un mantra : « shahid… shahid… shahid… »
MG: Y a-t-il de vraies recherches en cours sur ce sujet ?

DB: Il y a des recherches de haut niveau sur les effets des tambours, des différents types de rythmes et des différents instruments, à la fois du côté de la musicologie et de la neurophysiologie (15). Ces dernières s’intéressent aux modifications des ondes cérébrales, tout spécialement dans le cas de situations dites « d’extase » et de « possession », comme dans les cérémonies vaudoues, et sur les changements occasionnés par la transe. Les résultats sont pour l’instant limités, mais démontrent des modifications évidentes chez des individus particuliers qui présentent, dans ces circonstances — c’est de ma part une simplification dans un domaine extrêmement complexe —, des ondes cérébrales plus faibles que l’on associe à la somnolence et à la fragilité face à la suggestion. Les lumières intermittentes peuvent également jouer un rôle.

On pourra se reporter avec intérêt à la corrélation établie par Freeman entre les neuro-transmetteurs associés aux émotions, et la façon dont les Grecs

« considéraient les trois grands types de musique en fonction des émotions qui leur étaient associées. La musique phrygienne était martiale (…) et comportait des trompettes incitant à l’action et au combat [il ajoute qu’elle est aussi associé à la peur et à la colère]. La musique lydienne était (…) lente, plaintive et religieuse (…), elle avait recours aux flûtes (…) [et suggérait] le relâchement. La musique ionienne était conviviale, joyeuse (…) elle se servait des tambours pour inciter à la danse. »

Freeman remarque que ces états sont respectivement associés à la sécrétion de norepinéphrine, de sérotonine et de dopamine (16). Il est tentant de conclure que les rythmes militaires des tambours entendus dans ces messages télévisés ont pour fonction d’activer une forme de militantisme qui se combine avec un état d’attente, réceptif au concept de sacrifice et de rédemption.

D’autres chansons soulignent le message des récits : une mère en pleurs, les jets de pierres, l’enfant sur le départ, prêt à devenir un martyr… Très souvent, c’est le rythme lancinant des tambours qui se fait le relais des émotions que l’on recherche. Les images se mêlent les unes aux autres : scènes de batailles sinistres aux couleurs vives, scènes de funérailles, représentations de la vie future au paradis, jeunes jeteurs de pierre brandissant leur drapeau, dont on récite l’apologie, des roses s’ouvrant et s’épanouissant avec en fond sonore :

« Comme est doux le parfum de la terre, dont la soif a été assouvie, par les gerbes de sang qui coulent de l’enfant ».
MG: De quand date cette mobilisation des enfants ?

DB: Depuis l’avènement, en 1993, du chef de l’Autorité Palestinienne, Yasser Arafat, et la mise en place des accords d’Oslo, la télévision palestinienne officielle n’a cessé de programmer des messages qui interviennent entre les émissions, comme les publicités dans les télévisions occidentales. Ces messages augmentent quantitativement lors de la préparation de mouvements de combat, comme au début de la deuxième Intifada en 2000, et atteignent alors jusqu’à un cinquième de la programmation totale de la télévision.

Pour vous donner une idée de la matière dont il s’agit, je vais vous présenter quelques citations de cette période, diffusées par la chaîne de l’Autorité Palestinienne et réunies par Palestinian Media Watch (17) :

* Avec des éléments visuels appropriés, un locuteur explique à des enfants de 7 et 8 ans : « le temps des jeux et des jouets est fini. Jetez vos jouets : allez cherchez des pierres ! » (enregistrement du 2 mai 2001)
* La scène suivante montre de jeunes enfants jetant des pierres à des soldats en armes des Forces Armées Israéliennes. On voit un jeune garçon s’adresser à des enfants encore plus jeunes et chanter : « N’ayez pas peur, Allah est avec eux. Une pierre dans leur main devient un Kalachnikov » (enregistrement du 11 janvier 2001).
* On voit un groupe de jeunes filles à une manifestation. Celle qui semble être la meneuse, pleine de rage, hurle d’une voix aiguë : « tous les enfants que nous sommes devons joindre nos forces pour expulser l’ennemi Israël (…) donnez nous des armes à nous, les enfants. Nous les tuerons nous-mêmes, nous les assassinerons, nous les abattrons ! Donnez-nous juste les armes ! Nous les tuerons tous. Il n’y aura plus un seul Juif ici. » (Enregistrement du 22 octobre 2000).

MG: la promotion de la violence est-elle le seul élément de ces vidéos ?

DB: le niveau supérieur, qui va au-delà de la simple violence, consiste à exhorter les enfants au martyr au nom d’Allah.

* A l’écran, on voit un camp d’entraînement pour les enfants dirigé par l’Unité d’Orientation Politique et d’Entraînement de l’Autorité Palestinienne où l’on a inscrit 50 000 enfants. Dans le fond sonore militaire, on entend le mot « shaheed, shaheed » qui est répété sans cesse. On voit des cours de gymnastique où des garçons et des filles sautent à travers des cercles en feu, grimpent à la corde, s’entraînent à monter des mitrailleuses et à tirer avec pendant que des gamins de 8 à 10 ans sont au garde-à-vous et répètent « enfants de ma patrie, je suis la brigade suicide (18) Si la mine explose, au cri de Allah Akbar je rejoindrai mon pays, la terre chérie de Jérusalem ». (enregistrement de juillet-août 1998)
* La mort de Mohammed al-Dura est rejouée par des acteurs et l’on voit ensuite ce garçon au paradis, s’amusant à la plage, jouant dans un parc d’attractions, à la mosquée d’Al-Aqsa, faisant signe aux enfants en leur disant « venez me rejoindre ! » tandis qu’un chanteur psalmodie « comme il est doux, le parfum des martyrs ». (enregistrement du 11 novembre 2000)
* Les chansons adressées par les enfants à leurs parents expriment leur soutien à cette action. Une de ces chansons illustre les funérailles d’un martyr et l’on entend une voix masculine chanter : « Mère, je suis ce martyr (…) et si je ne reviens pas, ne pleure pas, ma mère (…) J’ai écrit mon nom avec mon sang ». (16 mai 2001)
* On voit un jeune garçon se préparer à partir pour une opération suicide. Il a déjà écrit sa lettre destinée à sa mère : « ne soit pas triste, ma chère mère (…) ce martyr est pour mon pays ! Ma chère mère chérie, ne pleure pas et que mon sang te réjouisse ! » (7 mai 2001)

MG: Le Hamas utilise-t-il les mêmes techniques d’embrigadement que l’Autorité Palestinienne ?

DB: Depuis que le Hamas a pris le pouvoir à Gaza, en 2007, il y a de nouveaux personnages et de nouvelles techniques qui visent les enfants, notamment une insistance particulière sur l’apprentissage coranique comme préparation avant de « prendre le pouvoir sur le monde ». Il y a aussi Farfur, une icône du Hamas, relativement neuve, qui est une grossière réplique du Mickey Mouse de Disney et qui, jusque récemment, était la vedette d’une émission, mais Disney y a mis fin en se plaignant de plagiat et de non-respect du copyright.

La souris Farfur joue le rôle d’instructeur : elle fait la leçon aux enfants, prêche l’apprentissage du Coran, le sacrifice et le martyre, qu’elle présente comme des actions saintes qu’Allah exige et qui sont nécessaires pour leur rédemption. Farfur reçoit l’aide de plusieurs jeunes filles qui sont ses assistantes-instructrices.

Par exemple, on voit Farfur qui a une voix aiguë et rocailleuse et se lance souvent dans des hurlements et des gesticulations, assisté par Sara’a, une jolie fillette qui semble avoir 12 ans. Elle a l’air gentil, elle présente bien et est habillée en rose avec un foulard double sur la tête. Elle est très mesurée et parle avec une diction parfaite.

MG: Pouvez-vous nous donner quelques citations ?

DB: Ce qui suit est tiré de leur dialogue :

Farfur: Nous vous apportons le pilier de la domination du monde grâce à la domination islamique. N’est-ce pas, Sara’a?

Sara’a: Oui, chers enfants.

Farfur: Il faut (…) aller à la mosquée pour les [cinq] prières quotidiennes (…) jusqu’à ce que nous dominions le monde.

Sara’a: (…) avec la volonté d’Allah, tout partira d’ici, de Palestine.

Farfur: …que veux-tu dire ? De Gaza, Jérusalem, Ramallah, ou bien de toute la Palestine?

Sara’a: …De toute la Palestine [cela inclut Israël]… (19)

Ils parlent ensuite de la volonté d’Allah, de la gloire passée et de la nécessité de restaurer cette gloire, de conquérir la mosquée d’Al-Aqsa, de libérer l’Irak et tous les pays musulmans qui ont été conquis par des assassins.

MG: N’y avait-il pas des incitations encore plus directes pour que les enfants se transforment en terroristes ?

DB: En 2007, une vidéo du Hamas a été diffusé pour promouvoir le terrorisme infantile (20) On voit des enfants prendre part à un entraînement militaire, au son d’une chanson en hommage aux icônes palestiniennes:

(…) Voici les hauts-faits de ceux qui recherchent le martyr,

La Palestine — parmi ses champions est Ahmad Yassin

Les enfants de la Palestine sont armés du couteau…

La Palestine— parmi ses champions est Ayyash [un fabricant d’explosif renommé du Hamas, connu sous le surnom de « l’ingénieur »]

Les enfants de la Palestine sont armés de mitraillettes…

Ils ont tué notre Yassin

Mais notre pays produira un millier d’Ahmad!…

Il faut expliquer que Sheikh Ahmed Yassin était le co-fondateur du Hamas, tout d’abord connue comme la branche palestinienne des Frères Musulmans.

Dans une autre émission de la chaîne Al-Aqsa en 2007 (21), l’animatrice explique à Farfur :

« si nous voulons diriger le monde, il nous faut mémoriser le Coran en entier ».

Ensuite les enfants chantent des chansons pendant que Farfur, déguisé en chef d’orchestre avec nœud papillon, dirige la chorale depuis une estrade imaginaire.

Harwa, une jeune fille:

« Nous avons libéré Gaza par la force [c’est une contre-vérité, les Israéliens étant partis d’eux-mêmes]

(…) nous ne connaissons pas la peur,

nous sommes les prédateurs de la forêt. »

Muhammad, un jeune garçon:

« Oh, Jérusalem, nous voilà…

Oh Jérusalem, jamais nous ne nous rendrons à l’ennemi…

Nous détruirons le trône des despotes,

ils goûteront les flammes de la mort,

nous leur ferons la guerre. »

Il faut vraiment souligner que c’est par cet endoctrinement que l’on construit l’identité du guerrier et martyr du Hamas

MG: Comment le Hamas sélectionne-t-il ses terroristes-suicide ? A-t-on des éléments à ce sujet ?

DB: Nous connaissons une partie du système de sélection. Le Hamas et le Djihad Islamique sont renseignés par les religieux des mosquées qui leur signalent les jeunes qui semblent être à point pour devenir des martyrs. Ils subissent alors une formation spirituelle poussée et reçoivent un entraînement de type militaire. On leur apprend que mourir grâce à un attentat-suicide leur ouvrira les portes du paradis, non seulement pour eux mais aussi pour leur famille (22).

Plus récemment, certains jeunes, particulièrement bien endoctrinés par l’école et l’environnement social, se sont directement portés volontaires auprès des groupes terroristes qu’ils parviennent à joindre par des connaissances. Ils ne reçoivent que quelques jours d’entraînement intensif en vue d’une mission spécifique d’attentat-suicide pour laquelle ils sont jugés prêts. Tout cela est très bien décrit dans le film palestinien Paradise Now (23).

Il faut noter que le phénomène des attentats-suicide s’est énormément affaibli après mars 2002, à la fois grâce à une prévention plus efficace des Forces Armées Israéliennes avec leurs assassinats ciblés et leurs actions préemptives et grâce à la construction du mur de sécurité à des endroits stratégiques. La politique de l’Autorité Palestinienne n’a pas changé, mais elle est de moins en moins efficace.
MG: Avez-vous des exemples des contenus de conditionnement ?

DB: Les plus frappants sont les vidéos d’incitation diffusées par Hamas TV depuis 2007. Sur Internet, on voit des films très explicites qui expliquent comment kidnapper des soldats israéliens (24).

Le film commence par l’attaque un tank israélien, qui explose et prend feu. Survient alors un combattant du Hamas, vêtu de noir, qui court vers le premier plan et ramasse un soldat israélien qui était à terre à proximité. Il le charge sur ses épaules et s’enfuit avec d’autres membres du Hamas. L’épisode entier ne dure que quelques secondes. Quatre photographies qui résument cette action figurent sur Al-Aqsa TV (25).

Un autre film, que l’on trouve sur YouTube, « Hamas in Training » [Le Hamas à l’entraînement], montre également l’enlèvement d’un homme, assis à un bureau : son assaillant l’emporte sur ses épaules et s’enfuit avec des complices qui l’attendaient dans un véhicule prêt à démarrer (26).

Ces films montrent toutes les phases de l’entraînement militaire : marche, course en brigade avec tout l’équipement, lutte, arts martiaux, ascension à l’échelle, en rappel, entraînement au tir, application des techniques de camouflage en groupe (formations en mouvement avec des végétaux), scènes de combat, etc.

Le tout est accompagné par une musique militaire à quatre temps, très monotone mais avec un motif rythmique très net, des chants et des psalmodies répétitives, très funèbres. Le tout donne une sensation hypnotique. Ces films ont pour fonction de servir à l’éducation, l’entraînement et l’endoctrinement.

MG: Quel est le rôle des livres d’école palestiniens dans la formation de la haine ?

DB: Les manuels palestiniens remontent bien plus loin que les campagnes télévisées. Ils datent de la Guerre d’Indépendance de 1947-48, quand les Jordaniens conquirent la Cisjordanie (West Bank), les Egyptiens, Gaza et qu’ils imposèrent des manuels scolaires encourageant la haine et la destruction du tout nouvel Etat juif. Ce leitmotiv des nations arabes, nourri par l’influence des Frères Musulmans (fondés en 1928) et par le ressentiment suite à la défaite de 600 000 hommes face au minuscule état israélien, est resté dans les livres d’école de ce qu’on appelle aujourd’hui la population palestinienne.

En 1967, dans une guerre d’autodéfense, Israël a conquis les enclaves jordaniennes et égyptiennes, aujourd’hui connues sous le nom de Cisjordanie et de Gaza. Les manuels palestiniens furent alors sous contrôle de l’administration israélienne et tous les matériaux incitant à la haine furent expurgés. Reste que des pamphlets plus ou moins clandestins furent distribués aux enseignants qui, indépendamment des manuels, ont enseigné oralement les mêmes contenus (27).

Avec les accords d’Oslo, on est revenu à un stade antérieur : Arafat a remis en vigueur les textes qui avaient cours lors de la période de l’occupation jordanienne et égyptienne (28) et qui abondaient en motifs de haine, de libération nationale et d’injonctions coraniques extrémistes incitant à tuer des Juifs.

MG: Quelle est l’influence islamiste sur les manuels de l’Autorité Palestinienne ?

DB: Arafat, qui était le chef de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), a introduit de plus en plus de phraséologie et d’idéologie islamistes. Cette hybridation utilisant les thèmes du djihad et du martyr semble avoir été dictée par le pragmatisme car ces thèmes étaient très porteurs au niveau du recrutement (29). Avant l’année 2000, le contenu des ouvrages sur Israël et les Juifs était conforme à la description que je viens de faire. On trouve des illustrations dans les rapports du Center for Monitoring the Impact of Peace (CMIP) sur les manuels du Ministère de l’Education Palestinien (30).
MG: Pouvez-vous donner un exemple ?

DB: L’exemple suivant, qui est très révélateur, provient des programmes de l’éducation nationale pour la 6e. On le trouve avant et après 2000. Ce manuel présuppose l’absence totale d’israéliens et la réalisation du droit au retour des Palestiniens.
Les habitants de la Palestine, 1999 :

a) Cisjordanie : 1 973 000.

b) Gaza : 1 113 000

c) Palestiniens de l’intérieur [c’est-à-dire « Palestiniens d’Israel, » ou « Arabes israéliens »] : 1 094 000.

d) Palestiniens de la diaspora (Jordanie, Syrie, etc.) : 4 419 000.

TOTAL Habitants de la Palestine = 8 598 000.

Un rapport du CMIP pour le Comité Educatif de la Knesset de juin 2000, a conduit à une « résolution unanime condamnant l’incitation à la haine des livres d’école palestiniens » (31).

Ce n’est qu’après 2000, suite à des plaintes auprès de l’Union Européenne, provenant de sources non gouvernementales, que l’on a pu forcer l’Autorité Palestinienne à remanier ses ouvrages (32). Cela s’est fait par étapes, sur cinq ans, en remplaçant les manuels chaque année par tranches de deux classes. Les premières années, l’amélioration ne s’est pas vraiment fait sentir (33).

MG: Quel lien y a-t-il entre l’endoctrinement des enfants palestiniens et l’islamisme en d’autres endroits du monde ?

DB: Il faut considérer en effet les politiques palestiniennes d’embrigadement dans le cadre des intentions génocidaires existant au sein du monde musulman. Le génocide est défini par la Convention pour la Prévention et la Répression du Crime de Génocide, définie par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1948. La dernière formulation (1995) inclut dans sa définition l’idée d’un acte criminel, l’intention de détruire un groupe ethnique, national ou religieux, ou visé comme tel (34). Des intentions génocidaires sont clairement exprimées par des sources islamistes que l’on retrouve dans une brochure du David Horowitz Freedom Center, intitulée The Islamic Mein Kampf (35).

Voici quelques exemples parlants:

* Mahmoud Ahmadinejad, président de l’Iran, a déclaré : « comme l’a dit l’Imam [Ayatollah Khomeini], Israël doit être rayé de la carte.’ Ahmedinejad a également déclaré : « l’annihilation du régime sioniste viendra ».
* Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah, a déclaré : « S’ils [les Juifs] se réunissent tous en Israël, cela nous évitera la peine d’aller les chercher ailleurs ».
* Le Sheikh Muhammad Sayyed Tantawi, éminent religieux égyptien de l’université Al-Azhar, a insisté sur le fait que « chaque opération suicide frappant tout Israélien, y compris les enfants, femmes ou adolescents, est en conformité avec la loi religieuse [islamique] et constitue un commandement islamique jusqu’à ce que le peuple de Palestine retrouve sa terre et face reculer les cruels agresseurs israéliens. » [rapport MEMRI de 2002].
* Dans une déclaration de 1992, le Hezbollah promettait : « une guerre ouverte jusqu’à l’élimination d’Israël et jusqu’à la mort du dernier Juif ».
* Extrait du texte fondateur du Hezbollah : « Nous considérons Israël comme la tête de pont des Etats-Unis (…) [Israël] est notre ennemi absolu et nous devons le combattre (…) Notre combat ne cessera que lorsque l’entité sioniste sera éliminée. Nous ne reconnaissons aucun traité, aucun cessez-le-feu, aucun accord de paix. Nous considérons tout négociateur comme un ennemi. ».
* Extrait d’un sermon de l’Autorité Palestinienne : « comme l’a dit le prophète Mahomet, ‘la résurrection des morts n’adviendra que quand vous combattrez les Juifs et que vous les tuerez’ ».

MG: Dans quelle mesure ces politiques d’embrigadement ont-elles conduit à la mort d’enfants palestiniens ?

DB: On peut remonter jusqu’en 1982 au Liban où le Fatah, c’est-à-dire le Mouvement Palestinien de Libération Nationale (et constituant principal de l’OLP), sous la direction de Yasser Arafat, recrutait des enfants âgés de 12 ans pour le service actif (36). Des enfants de l’âge de 7 ans ont participé à la Première Intifada qui débuta à la fin de 1987 (37).

Depuis 1993, cette politique de l’Autorité Palestinienne a provoqué la mort d’un fort pourcentage d’enfants tués lors de diverses actions de révolte. Un rapport de Human Rights Watch affirme que, malgré les dénégations du Hamas, du Jihad Islamique, du Fatah, et des Brigades Al-Aqsa, la participation d’enfants (children-person) âgés de moins de 18 ans continue (38). L’utilisation du terme children-person fait écho aux confusions juridiques sur la définition de l’âge des enfants, et aux réalités vécues des jeunes de cet âge.

Le docteur Shafiq Massalha est un psychologue palestinien qui a étudié les enfants palestiniens entre 6 et 11 ans : il a estimé qu’environ 50% d’entre eux rêvent de perpétrer des attentats-suicide. Selon lui, « d’ici une dizaine d’années, nous aurons affaire à une véritable génération meurtrière » (39).

MG: A la lumière de vos informations, comment peut-on envisager des changements de tendances ?

DB: Même si les violences entre Palestiniens et Israéliens s’arrêtent, l’état d’esprit des enfants palestiniens ne changera pas tout seul. Quand on a appris, enfant, que les attentats-suicide vous ouvrent les portes du paradis pour vous et les vôtres, il faut bien plus que cela pour qu’il y ait une désintoxication. Le problème est encore plus grave quand on grandit dans une société autoritaire où il y a peu, voire pas du tout, de pensée indépendante.

MG: Que peut-on faire pour amener des changements ?

DB: Pour apporter des améliorations, il faut déjà comprendre les implications à long terme du conflit israélo-palestinien et du processus d’endoctrinement des enfants palestiniens. Comme dans le cas d’autres individus endoctrinés — pour les sectes par exemple —, l’idéologie qui a été transmise est en général très tenace. Ce sont des programmes de désendoctrinement spéciaux qui doivent être mis en place.

Les Palestiniens préfèrent attribuer les traumatismes des enfants aux actions des Forces Armées Israéliennes. Un commentaire intéressant d’un psychiatre palestinien affirme que « [les enfants] se rebellent contre toute forme d’autorité, y compris celle des parents et des enseignants. Ils réagissent fortement à la vue de leurs pères humiliés, qui étaient impuissants quand les soldats israéliens les maltraitaient ou les battaient » (40).

Les chercheurs savent que l’humiliation des enfants et de leurs proches est un facteur à prendre en compte, tout comme la mort des parents et des amis. Certains psychologues ont cru que les enfants palestiniens ayant participé à la Première Intifada avaient bénéficié d’effets thérapeutiques, notamment en matière de santé mentale et d’estime de soi. Des recherches ultérieures démontrent l’absence de preuves allant dans ce sens et voulant que les enfants qui participent à la violence aillent mieux que les autres. Barber donne une bonne présentation du sujet et constate une proportion de comportements déviants, en augmentation à l’époque où il écrivait (1997), mais sans pouvoir faire de prédiction sur la durabilité des effets négatifs. (41)

MG: Vos observations semblent montrer qu’il faudrait un programme de désendoctrinement sur le long terme. Quelles sont les chances de réussite ?

DB: Rectifier un programme d’endoctrinement au martyre est un processus long et complexe. L’expérience montre que la réussite n’est pas assurée. Quand un tel système de croyance a été implanté, il reste tenace. D’autres études montrent que même après des années de déconditionnement, des comportements régressifs peuvent surgir, en fonction de la façon dont les individus sont plus ou moins bien intégrés à un nouveau cadre constructif (42). De plus, si la même société patriarcale subsiste, cela ira à l’encontre de tout programme de déconditionnement (43).

MG: Comment doit procéder un programme de désendoctrinement ?

DB: C’est l’Autorité Palestinienne qui a la responsabilité de rééduquer les enfants palestiniens. Cela demanderait un contrôle rigoureux, la fin de toute incitation, et ensuite un déconditionnement et une rééducation qui aurait pour but de neutraliser les effets de l’endoctrinement des enfants palestiniens dont les droits humains ont été violés quand on a créé en eux un désir d’autodestruction.

L’UNICEF et l’UNESCO ont créé des programmes de traitement pour des enfants dans diverses zones de conflit. L’Autorité Palestienne n’a jamais eu recours à ces programmes. Il y a eu, en 2002, un programme Save the Children [Sauver les Enfants], sous l’égide de l’USAID (United States Agency for International Development) Cisjordanie-Gaza, qui a entrepris une étude sur un échantillon d’enfants de ces régions, assortie d’un programme d’aide (44) qui comprenait l’intervention d’enseignants, de parents, des activités scolaires, la formation d’un personnel d’encadrement local, la diffusion d’activités à réaliser à la maison, et des procédures simples pour contrôler les situations de stress.

On a appris aux parents à communiquer avec leurs enfants plutôt que les punir, à les traiter avec respect, en partageant leurs opinions et en acceptant que des amis viennent jouer à la maison. En classe, on encourageait les enfants à s’exprimer librement, on déconseillait aux enseignants le recours aux châtiments corporels et on ménageait aux enfants des moments de répit pour évacuer le stress, en leur ménageant des moments où ils pouvaient jouer avec des jouets dans des endroits protégés, remplis d’images positives, et en leur proposant des activités constructives tout en diminuant l’accent mis sur la discipline.

On a pu constater des résultats positifs, notamment un bien-être accru pour beaucoup de ces enfants, ainsi qu’une meilleure communication entre eux et leur famille ou avec les enseignants. Le programme a été conçu par des spécialistes américains, mais mis en place par un personnel local palestinien, de compétences et de niveau d’aptitude variés, qui disposaient d’une certaine autonomie pour appliquer le programme en fonction des situations. Une équipe locale procédait à des évaluations périodiques. Nulle part, dans un document de 54 pages « d’évaluation à mi-parcours », il n’est fait mention d’un traitement des croyances idéologiques des enfants endoctrinés concernant le martyre et la violence. De toute évidence, cela ne faisait pas partie du protocole américain et il n’était d’ailleurs sans doute pas possible pratiquement de tenter d’aborder ce problème.
MG: Que doivent conclure de tout cela les gens vivant en occident ?

DB: Les Occidentaux pourraient se rendre compte de l’énorme différence existant entre les pratiques d’éducation, considérées comme normales en Palestine, et ce que l’on considère comme acceptable dans les sociétés occidentales. La question est surtout de se demander comment et par quels programmes cet endoctrinement palestinien scandaleux peut être défait, surtout dans un milieu socioculturel autoritaire et replié sur lui-même, et qui semble, en tout état de cause, totalement inflexible.

MG: Après la Seconde Guerre mondiale, le désendoctrinement a bien fonctionné en Allemagne et au Japon. Est-ce qu’il n’y a pas là des leçons utilisables ?

DB: Les populations allemandes et japonaises d’après-guerre étaient tenues de changer leurs positions, ce qui affaiblit l’idée que ce soit une crise aiguë en soi qui a permis de rendre plus malléables des dispositions auparavant très rigides. Par ailleurs, les armées alliées d’occupation disposaient de programmes précis qui avaient été élaborés depuis des années. Ils se sont imposés localement, ont mené ces programmes de dénazification, de rééducation et de reconstruction sociétale, et cela a été facilité par des aides économiques importantes, comme le Plan Marshall.

MG: Pour être réaliste, que peut-on concrètement attendre concernant le désendoctrinement des enfants palestiniens ?

DB: Le mieux que l’on puisse espérer, c’est un recul progressif de l’implacable nationalisme palestinien et des espoirs hégémoniques islamistes. Cela serait pensable si on laissait les choses suivre leur cours, mais étant donné la montée de l’expansionnisme islamiste international qui s’exprime au grand jour (aussi bien sous sa forme non-violente que violente), l’avenir paraît très sombre.


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Notes

(1) Joel Fishman, “Ten Years since Oslo: The PLO’s ‘Peoples War,’” Jerusalem Viewpoints, 503, 1-15 Septembre 2003. Concernant Arafat, voir également Ion Mihai Pacepa, Red Horizons (Washington, DC: Regnery Gateway, 1987), 14, 19, 23.

(2) La théorie de l’apprentissage utilise ce qu’on appelle le « conditionnement opérant » où les comportements du sujet sont renforcés ou effacés en jouant sur les réactions positives ou négatives que leur apporte leur environnement. Par exemple, les compliments renforcent les comportements qui ont provoqué ces compliments. Cela s’applique aussi bien à l’école qu’en dehors. L’apprentissage social renvoie à la façon dont on apprend des comportements en imitant des modèles qui reçoivent des récompenses et en retirant une satisfaction par procuration. Voir Richard H. Price, Mitchell Glickstein, David L. Horton, et Ronald H. Bailey, Principles of Psychology (New York: Holt, Rinehart & Winston, 1982), 337-381.

(3) Daphne Burdman, “Education, Indoctrination and Incitement: Palestinian Children on Their Way to Martyrdom,” Terrorism and Political Violence, Vol. 15, N°1 (2003): 109-113, note 10 concernant l’élucidation des facteurs psychologiques clés dans l’efficacité de l’endoctrinement.

(4) R. B. Zajonc, “Feeling and Thinking: Preferences Need No Inferences,” American Psychologist, Vol. 35, No. 2 (1980): 151-175.

(5) David DeSteno, Richard E.Petty, Derek D. Rucker, Duane T. Wegener, and Julia Braverman, “Discrete Emotions and Persuasion: The Role of Emotion-Induced Expectancies” Journal of Personality and Social Psychology, Vol. 86, No. 1 (2004): 43-56.

(6) Adolf Hitler, Mein Kampf (Boston: Houghton Mifflin, 1971), 475. (édition anglaise)

(7) American Writers and Artists, Inc. (AWAI), Accelerated Program for Six-Figure Copywriting (Del Ray, FL: AWAI, 2007).

(8) Halim Isber Barakat, The Arab World (Berkeley and Los Angeles: University of California Press, 1993), 116. Le chapitre qui nous intéresse particulièrement s’intitule “The Arab Family and the Challenge of Change,” 97-118.

(9) Sur le rythme et ce que l’on peut appeler l’éveil spirituel, voir William Sargant, Battle for the Mind (London and Kent: Invicta Press, 1985), 92-100.

(10) Voir Burdman, note 3, “Education,” et dans cet article, les notes 51 et 52. Voir aussi Marc Galanter, Cults: Faith, Healing and Coercion (Oxford and New York: Oxford University Press, 1999), 60-82; Margaret Thaler Singer, extraits de Cults in Our Midst (2003).

(11) Marcelle Bartolo Abela, “The Neurophysiology of Hypnosis: Hypnosis as a State of Selective Attention and Disattention,” communication par affiche n°37 lors du 6e Internet World Congress for Biomedical Sciences, 2000 (M. B. Abela, Experimental Hypnosis Research Clinic, 63 St. Mary St., Hamrun, HMR 06, Malta).

(12) John H. Gruzelier, “Frontal Functions, Connectivity and Neural Efficiency Underpinning Hypnosis and Hypnotic Susceptibility,” Contemporary Hypnosis, Vol. 23, No. 1 (2006): 15-32.

(13) Voir Burdman, note 3, “Education.”.

(14) La réaction aux éléments visuels que propose la télévision dépend de la « réaction d'investigation » biologique décrite apr Pavlov en 1927. Voir Robert Kubey et Mihaly Csikszentmihalyi, Scientific American—Digital, février 2002, l’article “Television Addiction Is No Mere Metaphor,”. De plus la violence télévisuelle dans les sociétés occidentales normales engendre une forme de violence chez les enfants (même en l’absence totale de message adressé). Voir “Violence on Television: What Do Children Learn? What Can Parents Do?” (American Psychological Association).

(15) Voir Sargant, note 9, Battle for the Mind; voir aussi Walter J. Freeman, “A Neurobiological Role of Music in Social Bonding,” in The Origins of Music, dir. N. Wallis, B. Merkur, and S. Brown (Cambridge MA: MIT Press, 2000), 411-424. Concernant la musique et la transe, nous ne citons pas certains chercheurs en neurophysiologie et en musicologie d’universités reconnues car les résultats sont encore partiels et ne peuvent être facilement présentés.

(16) Freeman, “Neurobiological Role,” ibid., 411-424.

(17) Burdman, note 3, “Education,” 93-123.

(18) Ibid., voir dans cet article la note 16 concernant l’authenticité de cette traduction « brigade-suicide » et les justifications politiques.

(19) Palestinian Media Watch Bulletin, 6 May 2007, qui cite comme source Al-Aqsa TV, 16 April 2007.

(20) Voir Palestinian Media Watch, “TV Archives—Video Library: Children as Combatants in PA Ideology,” puis aller sur “Hamas video promotes terrorism among children —March 2, 2007” qui cite comme source Al-Aqsa TV, 25 March 2007.

(21) Palestinian Media Watch Bulletin, 6 May 2007, qui cite comme source Al-Aqsa TV, 30 April 2007.

(22) Nasra Hassan, cité par Daniel Pipes, “Arafat’s Suicide Factory,” New York Post, 9 December 2001.

(23) Ce film a été réalisé par Hany Abu-Assad, qui a interviewé des famille de terroristes-suicides et qui a consulté les rapports officiels israéliens et les transcriptions d’interrogatoires de terroriste ayant manqué leur attentat-suicide. Le film a reçu une nomination aux Oscar et a remporté une douzaine de récompenses dans d’autres festivals du film internationaux. Voir également Nasra Hassan, Timesonline, 14 July 2005. Elle est parmi les chercheurs qui se ont décrit le phénomène des volontaires au suicide.

(24) Sur Google, il faut chercher : YouTube Hamas Video: Training to kidnap an Israeli soldier. La présentation est généralement celle de Palestinian Media Watch. C’est la plus nette visuellement mais elle est plus difficile à trouver à partir des mots-clés « Palestinian Media Watch ».

(25) Vu sur Al Aqsa TV le 16 juin 2008. Dans certaines versions, les quatre photographies apparaissent sous l’écran de la vidéo et en cliquant dessus on obtient d’autres informations.

(26) Aller sur YouTube, puis chercher « Hamas in Training », 27 septembre 2007.

NB : il y a différents moyens de trouver ces vidéos mais le parcours est parfois ardu.

(27) Communication personnelle du Dr. Yohanan Manor, Center for Monitoring the Impact of Peace (CMIP).

(28) Itamar Marcus et Barbara Crooke, “New Palestinian Textbooks Present a World without Israel,” in SPME, Scholars for Peace in the Middle East, February 2007.

(29) Hillel Frisch, “Has the Israeli-Palestinian Conflict Become Islamic? Fatah, Islam, and the Al-Aqsa Martyrs’ Brigades,” Terrorism and Political Violence, Vol. 17, No. 3 (2005): 391-406.

(30) Voir aussi Center for Monitoring the Impact of Peace (CMIP), rebaptisé IMPACT (Institute for Monitoring Peace and Cultural Tolerance), www.edume.org and info@edume.org.

(31) Sur Google, taper : Center for Monitoring the Impact of Peace Newsletter June 2000 Knesset Education Committee. A partir du menu qui se déroule, choisir la référence suivante (entière) : Center for Monitoring the Impact of Peace Newsletter June 2000—Knesset Education Committee. AVERTISSEMENT : accès difficile, ne pas cliquer sur l’une des adresses de site.

(32) CAMERA, Tamar Sternthal, 21 décembre 2001, “History, Criticisms and Rebuttals Regarding ‘No Incitement’ in Palestinian Textbooks,” voir sur Google

(33) Les contenus des manuels de l’Autorité Palestinienne d’après 2000 seront traités dans une autre interview avec le Dr. Arnon Groiss.

(34) Les définitions ont connu des débats et ont évolué. Pour un résumé de ces débats, voir l’excellent ouvrage d’Alain Destexhe, Rwanda and Genocide in the Twentieth Century (New York: New York University Press, 1995 ; en français : Rwanda, Editions Complexe, 1994). Voir à partir de Google “Frontline: The Crime of Genocide” qui provient de PBS Online. Pour un développement sur le sujet, voir R. J. Rummel, Genocide.

(35) Sur Google, taper : « The Islamic Mein Kampf ». Notons que, selon les sources citées note 34, le concept de génocide ne s’applique qu’à la destruction de peuples appartenant à un ensemble ethnique, national ou religieux, sans considération politique ou militaire. Dans ces conditions, certains peuvent dire que les revendications islamistes citées ne sont pas génocidaires mais politico-militaires. On appelle ça couper les cheveux en quatre.

Le mieux est de consulter The Islamic Mein Kampf à partir de Google.

(36) Raphael Israeli, dir., PLO in Lebanon: Selected Documents (London: Weidenfeld & Nicolson, 1983).

(37) Daoud Kuttab, “A Profile of the Stonethrowers,” Journal of Palestine Studies, Vol. 17, No. 3 (1988): 14-23; Jonathan Kuttab, “The Children’s Revolt,” Journal of Palestine Studies, Vol. 17, No. 4 (1988): 26-35.

(38) Human Rights Watch Report, Part V, “Structures and Strategies of the Perpetrator Organizations”; dans cet article, consulter “Recruitment and Use of Children.”

(39) “Palestinian Children ‘Dream of Martyrdom,’ ” WorldNetDaily, 5 février 2003.

(40) Eyad Elsarraj, “Palestinian Children and Violence,” Palestine-Israel Journal, Vol. 4, No. 1 (1997): 12-15.

(41) Brian K. Barber, “Palestinian Children and Adolescents during and after the Intifada,” Palestine-Israel Journal, Vol. 4, No. 1 (1997): 23-33.

(42) Marc Galanter, Cults and New Religious Movements (Washington, DC: American Psychiatric Association, 1989). Dans le cadre d’un déconditionnement coercitif, Galanter montre que les effets à long terme sont particulièrement persistants si le processus d’endoctrinement a duré plus d’un an. Le désendoctrinement non-coercitif de membres de sectes (voir Steven Hassan, Combating Cult Mind Control [Rochester, VT: Park Street Press, 1988]) est relativement plus efficace. Mais cela concerne des individus qui ont vraisemblablement subi des périodes d’endoctrinement moins longues.

(43) Hisham Sharabi, Neopatriarchy: A Theory of Distorted Change in Arab Society (New York, Oxford: Oxford University Press, 1988). Le chapitre 3 (26-37) illustre la vision du patriarcat et du néopatriarcat de Sharaby. C’est un marxiste de l’ancienne génération qui est ouvert à une évaluation critique de la société islamique. Il dresse un panorama comparatif de la société capitaliste et de la structure familiale tribale-patriarcale de l’islam traditionnel et de ses évolutions récentes.

(44) Cairo Arafat et Neil Boothby, “A Psychosocial Assessment of Palestinian Children, July 2003”. Cet article décrit les objectifs et le protocole du programme. Ce titre se trouve sur Google avec le lien.

(45) Pour les éléments plus précis sur lesquels se fonde mon analyse, voir “Mid-Term Assessment of the Community Psychosocial Support Program (CPSP) USAID/West Bank and Gaza,” http://pdf.usaid.gov/pdf_docs/PDABZ664.pdf.



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Dr. Manfred Gerstenfeld *



© FrontPage Magazine



* Le Dr. Manfred Gerstenfeld préside le conseil d’administration du Jerusalem Center for Public Affairs. Conseiller en stratégies commerciales internationales, il est consultant pour divers gouvernements, agences internationales et de certaines des plus grandes entreprises mondiales. Parmi les 14 ouvrages qu’il a publiés, on note Europe's Crumbling Myths: The Post-Holocaust Origins of Today's Anti-Semitism (JCPA, Yad Vashem, WJC, 2003), Academics against Israel and the Jews (JCPA, 2007), ainsi que le récent Behind the Humanitarian Mask: The Nordic Countries, Israel and the Jews (JCPA and Friends of Simon Wiesenthal Center for Holocaust Studies, 2008).

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Mis en ligne le 30 décembre 2008, par M. Macina, sur le site upjf.org

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