Manifestations de samedi : une « marée humaine » contre Israël ou contre les Juifs ?




Un titre aussi rhétorique ne saurait cacher que ma réponse est évidemment « petit b ». Pourtant je n’étais pas aussi catégorique au lendemain de la première intifada qui a eu lieu boulevard Haussmann le samedi 3 janvier. Les médias avaient alors recensé « quelques centaines de casseurs » ayant brûlé des véhicules, lapidé des policiers et pillé des magasins sur cette avenue chic du quartier des Grands Magasins, laissant aux touristes Japonais et Américains une délicieuse image de la France de la diversité. Sans être cynique, il me parait difficile d’établir en quoi piller une bijouterie apporte un quelconque soutien aux Palestiniens.

Du soutien au peuple de Gaza au pillage de magasins

N’ayant pas moi-même assisté à cette manifestation de « soutien » au peuple de Gaza, je me suis gardé de tirer des conclusions hâtives, quoique la présence de Besancenot me sembla suspecte. Puis les images et autres vidéos d’internautes, pro-Gaza ou non, ont commencé à déferler sur la toile, montrant une réalité que j’avais eu peur d’admettre jusque là : drapeau d’Israël brûlé, slogans antisémites scandés –y compris par des enfants clairement pas en âge de comprendre ce qu’on leur fait dire-, drapeaux représentant une arme type AK47 sous-titrée avec des inscriptions en Arabe, une écrasante majorité de barbus, de femmes voilées et de jeunes maghrébins en jogging, et les quelques collabos habituels –Besancenot pour ne citer que lui. Dès lors je me suis mis à douter de la sincérité de la prétendue solidarité avec les Gazaouis, et me suis interrogé sur l’éventuelle présence d’un soupçon -remarquez ma prudence- d’antisémitisme dans ces manifestations. Ça y est le « A » word est lâché.

Qu’on ne se méprenne pas, je ne traite pas ici de ma position vis-à-vis de l’opération « plomb durci », de la légitimité qu’a Israël à protéger ses frontières et de celle qu’ont les Gazaouis à ne pas payer les pots cassés à la place du Hamas. Bien malin sera celui qui pourra, au travers d’un texte comme celui-ci, résoudre ce conflit et établir les responsabilités de chacun. Ce qui en revanche me paraît indiscutable, c’est que les manifestations qui ont eu lieu en France et en Europe le 4 et le 10 janvier ne sont qu’un concentré de haine antisémite à peine dissimulées derrière les accusations habituelles de « sionisme » -on n’est plus très loin du « lobby judéo-maçonnique-, « génocide », et « crime de guerre ».

La figure de Jean Moulin bafouée et salie

Mes soupçons concernant les véritables motivations des manifestants devinrent certitudes lors des rassemblements du samedi 10. Ce jour là j’étais à Lyon, place Bellecour, et j’ai vu et entendu des choses que je pensais condamnables par la justice depuis le procès de Nuremberg. Car voir, en France, un drapeau brûler, des croix gammées sur ce même drapeau, entendre des enfants de 4 ou 5 ans scander « Israël assassin », voir une horde de barbus agitant des drapeaux qui, même si les écritures sont pour moi illisibles, arborent des illustrations suffisamment explicites, je ne pensais pas tout cela possible. La limite de la décence me parut franchie quand je croisai dans la rue Edouard Herriot –l’avenue Georges IV lyonnaise- un groupe de jeunes enfants hurlant en cœur « halte au génocide » sous le sourire et le regard satisfait d’un grand barbu. Et dans cette « marée » de haine raciale qui envahissait la plus grande place d’Europe, c’est sans honte que certains portaient des panneaux où l’on pouvait voir côte à côte Jean Moulin et Ahmed Yassine. Pour information Ahmed Yassine était membre des Frères Musulmans et fondateur du mouvement terroriste connu sous le nom de Hamas, un homme radical qui encourageait les attentats suicides et pour qui le processus de paix « n’est pas la paix et ce n’est pas un remplaçant du jihad ». Jean Moulin, chef du Conseil National de la Résistance et délégué du Général de Gaulle, ne saurait être sali par une comparaison aussi abjecte, pourtant ni les médias, ni la classe politique n’a jugé bon de faire un commentaire sur cet évènement sordide.

La compassion à géométrie variable : plus forte quand l’ennemi est Juif

Pour ceux qui douteraient encore du fait que cette « marée humaine » n’était pas là pour soutenir le peuple de Gaza, mais bien pour insulter les juifs en toute impunité et/ou exprimer en public leur sympathie pour une organisation terroriste islamique, il y toute une série de questions auxquelles, quand on a cherché des réponses, on en vient à la conclusion suivante : les manifestants ont trouvé en l’opération « plomb durci » ni plus ni moins qu’une excuse et un bouclier psychologique leur permettant d’exprimer sans honte et sans retenue leur haine des Juifs. Ces questions, Mohamed Sifaoui les as posées sur son blog, et je le cite par morceaux choisis :

« Où étaient tous ces musulmans qui ont tant de compassion pour les enfants de Gaza et pour les terroristes qui les ont conduits vers la guerre […] quand Grozny était littéralement rasée par l’armée russe, cependant que les femmes tchétchènes étaient violées à ciel ouvert par les soldats de Poutine et lorsque les morts se comptaient quotidiennement par centaines ? […]Mais où étaient Besancenot, Buffet, Mélenchon ? Où étaient ces femmes voilées et les autres qui arborent fièrement aujourd’hui le keffieh palestinien ? […]Ou étaient ces casseurs, ces jeunes fougueux et déchaînés, ces vielles dames qui s’exhibent aujourd’hui la larme à l’œil quand il fallait dénoncer les crimes, que dis-je, le génocide perpétré par le régime fasciste du soudanais Hassan Omar Al-Bashir contre des populations Darfouris. […]Personne ne leur a dit qu’un crime contre l’humanité se commettait, sous le ciel fanatisé du Soudan ? […]Mais encore, ou étaient tous ces marcheurs du samedi lorsque les Algériens se faisaient découper en petits morceaux par les monstres du GIA et égorgés tels des moutons par les disciples d’Ali Benhadj ? […]Comment peut-on s’émouvoir lorsqu’est tué un enfant ayant telle religion et ne pas ressentir d’émotion lorsque un autre enfant ayant telle autre religion subi le même sort ? Pourquoi tous ces musulmans qui marchent aujourd’hui les yeux exorbités, la bave sur le menton, tous crocs dehors, n’ont-ils jamais voulu marcher au lendemain d’un attentat terroriste ? Pourquoi n’ont-ils pas marché lorsque des islamistes tuaient d’autres musulmans ? Pourquoi n’ont-ils pas marché après le 11 septembre, Madrid ou Londres ? Mais où étaient-ils lorsque les talibans exécutaient des femmes dans des stades ? »

M. Sifaoui jette ensuite un pavé dans la mare : « Je vais révéler le fond de ma pensée. Je pense que plusieurs marcheurs du samedi défilent davantage contre Israël que pour la Palestine. Beaucoup d’entre eux ne marchent pas parce qu’ils adoreraient les Palestiniens, mais parce qu’ils ont une détestation idéologique pour tout ce qui est juif et pour tout ce qui a trait à Israël.

Sémantique et euphémisation : la tactique du martyr

Entendre tous ces gens utiliser sans gène le mot « génocide » pour parler d’une guerre, entre une armée régulière et une organisation terroriste ayant fait 900 morts, m’a beaucoup interpellé. Le Hamas utilise une stratégie bien connue de toutes organisation terroriste qui consiste à tirer des roquettes depuis les abords d’écoles, de résidences et d’hôpitaux afin que, parmi les tirs de répliques de Tsahal, par chance une ou deux bombes tombent sur des civils, créant ainsi des martyrs d’un côté, et d’affreux bourreaux ne respectant pas les résolutions de l’ONU de l’autre. Les partisans du Hamas utilisent également les autres stratégies d’usage : faux chiffres, images truquées, vidéos tournées il y a plusieurs années dans un contexte différent… C’est la même technique qui est utilisée -avec succès puisque les rassemblements se sont faits avec la bénédiction du gouvernement- dans les manifestations qui ont eu lieu en France. Il est d’ailleurs intéressant de constater que ce type de stratagème est également utilisé au niveau du gouvernement qui, en tentant de minimiser les actes antisémites des derniers jours, cherche à ne pas froisser les musulmans et à calmer la « surchauffe » dans les quartiers dits sensibles : il fallait voir avec quel aplomb MAM a osé déclarer que depuis le début de l’offensive il y aurait « une recrudescence des actes contre nos compatriotes musulmans ». Le problème, madame Alliot-Marie, est que les médias –nationaux comme locaux- n’ont fait état que d’attaques de synagogues, de tabassage de juifs et de tags antisémites (le tag « il faut tuer les juifs », vu au Puy-en-Velay, relève du nazisme), mais rien contre des mosquées. De telles déclarations jettent donc le doute et la confusion, mais après avoir entendu MAM se féliciter d’une nuit de la Saint Sylvestre « calme » au lendemain d’un feu de joie de plus de 1100 véhicules, je suis tout disposé à supposer qu’en parlant de « conflit communautaire », la ministre de l’intérieur essaie tout simplement de mettre à égalité les attaques antisémites avec des attaques islamophobes imaginaires afin de ne pas se mettre les musulmans à dos.

Comment se protéger d’accusations d’antisémitisme ?

Puisque nous parlons ici d’antisémitisme, il y a un parallèle qui me semble important d’effectuer avec un évènement récent qui a fait beaucoup de bruit. Il y a quelques jours, l’affaire de Dieudonné et de son « prix de l’infréquentabilité et de l’insolence » avait beaucoup ému la classe politique, les responsables religieux, les médias et les associations. Dieudonné a dépassé les bornes en invitant un révisionniste notoire et en faisant apparaitre un de ses collaborateurs en habit de déporté portant l’étoile jaune, mais il est important de noter que l’humoriste n’avait alors rien dit d’expressément antisémite. C’est pourquoi cette affaire a soulevé une polémique cherchant à déterminer si l’ancien ami d’Elie Semoun avait fait cela par antisémitisme dissimulé, par simple volonté de provoquer, ou pour se faire de la pub facilement. Dans le cas des manifestations, l’antisémitisme est caractérisé, il s’est exprimé par des paroles, des actes, des tags, et par la présence d’extrémistes musulmans. Pourtant les mêmes responsables politiques et religieux, les mêmes médias et associations cherchent à minimiser, voire à camoufler cette réalité en évoquant une soit disant montée de l’islamophobie. Car, à la question « pourquoi condamne-t-on Dieudonné et pas les manifestants », il faut répondre : « parce que Dieudonné ne se cache pas derrière une martyrisation de l’Islam pour affirmer ses opinions, aussi ».

Etrangement, dans ces évènements une seule personnalité politique a fait preuve de bon sens, de conviction et de morale, ne cédant pas à la démagogie du « Israël assasin » pour camoufler un « il faut tuer les Juifs ». Cette personnalité c’est Arnaud Montebourg qui a déclaré sur Europe1 que les socialistes n’ont pas participé aux manifestations de soutien aux Palestiniens en France pour ne pas "risquer de cautionner des mots d’ordre communautaristes".

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