Israël-Cisjordanie : le partage de l'eau pèse sur la paix


Une station de désalinisation de l'eau de mer, à Palmahin. Israêl va en construire de nouvelles pour pallier le manque de pluie. Crédits photo : SIPA
Marc Henry (à Jérusalem)

Une station de désalinisation de l'eau de mer, à Palmahin. Israêl va en construire de nouvelles pour pallier le manque de pluie.

Les deux gouvernements sont censés se répartir équitablement les eaux du Jourdain et de nappes phréatiques. Mais la réalité tient plus du bras de fer.

Garder à tout prix le contrôle de l'eau : pour Benyamin Nétanyahou, le prochain premier ministre israélien, il s'agit d'un impératif vital qui justifie son hostilité à la création d'un État palestinien. Les principales nappes phréatiques utilisées pour les deux populations se moquent en effet des frontières. Elles s'étendent sous la Cisjordanie et le territoire israélien. Résultat : leur partage relève avant tout du rapport de forces et d'un enjeu stratégique dans une région condamnée au régime sec par une série d'hivers très peu pluvieux.

Les Palestiniens sous le minimum vital

Sur le papier, Israël et l'Autorité palestinienne se sont engagés à une répartition de l'eau du Jourdain et des nappes souterraines. Mais la pénurie est telle que les Palestiniens sont réduits à la portion congrue. Selon un rapport de l'ONU, la consommation moyenne pour les Palestiniens de Cisjordanie est de 66 litres par habitant, un tiers de moins que le minimum vital. Du côté israélien, la moyenne atteint 235 litres. Plus de 200 000 Palestiniens de 220 localités et villages de Cisjordanie ne sont pas reliés à un réseau de distribution d'eau, si bien que nombre d'entre eux sont obligés d'acheter de l'eau chaque été au marché noir, où les prix sont de trois à six fois plus élevés que les tarifs payés par les Israéliens.

En guise de réponse, les responsables israéliens expliquent que l'État hébreu fournit aux Palestiniens des quotas d'eau bien supérieurs à ceux prévus par les accords conclus en 1995. Ils soulignent aussi que personne n'est épargné par la sécheresse. Un exemple : le pompage dans le lac de Tibériade, la principale réserve en eau douce d'Israël, va devoir être interrompu cet été à cause de la baisse sans précédent du niveau de l'eau.

Pour pallier le manque de pluie, l'État hébreu va également investir quelque 300 millions de dollars dans trois nouvelles unités de dessalement de l'eau de mer, qui s'ajouteront aux deux déjà existantes. Selon les experts israéliens, cette technique pourrait constituer la solution de l'avenir. Elle présente toutefois le double inconvénient de faire grimper les factures d'eau pour les particuliers et d'être grosse consommatrice d'énergie.

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