Conférence de presse de Hassan Nasrallah : la guerre de Gaza n’est pas terminée


La guerre se poursuit et il est urgent de lever le blocus et d’aider la Résistance à Gaza.

Hassan Nasrallah tient en ce moment une conférence de presse par écran interposé, transmise par la télévision Al-Manar. Evoquant l’échange des prisonniers avec Israël, survenu l’année dernière, le secrétaire général du Hezbollah a profité pour lancer une virulente campagne contre les Forces Libanaises, avant d’insister sur la victoire de la Résistance à Gaza.

La conférence est organisée à l’occasion de la « Journée de la liberté », devant une vingtaine de personnes dont des députés du parti chiite, quelques journalistes de l’opposition (Al-Manar, Al-Akhbar, NTV...) et le patron du nouveau bras médiatique extérieur du Hezbollah, Thierry Meyssan. Cette rencontre avec la presse s’est transformée en tribunal permettant au Hezbollah de distribuer les accusations à ses adversaires. Nasrallah a en effet affirmé que « les analyses ADN effectuées sur quatre des cadavres restitués l’année dernière par Israël se sont révélées négatives, ce qui signifie qu’Israël a menti sur l’identité des quatre combattants ». Ce faisant, Nasrallah peut trouver dans cette affaire une raison de proférer des menaces, d’entretenir la tension et de justifier le maintien de son armement.

A cet égard, il a appelé les autorités libanaises, et le gouvernement, à faire toute la lumière sur le sort des quatre diplomates iraniens enlevés par les Forces Libanaises en 1982. Il a insisté sur le fait que les Forces Libanaises sont représentées au gouvernement pour demander des éclaircissements : est-ce que les disparus ont été tués par leurs ravisseurs ? Dans ce cas, où sont les cadavres ? Ont-ils été remis à Israël ? Dans ce cas, Israël est tenu responsable de leur sort. Prenant un ton parfaitement humaniste, Nasrallah a rappelé que « les diplomates iraniens ont des femmes, des enfants, des proches, des amis qui souffrent de leur absence. Au moins, il revient aux parties impliquées dans leur disparition de faire la lumière sur cette affaire pour des raisons humaines ». Mais le chef du Hezbollah oublie que son parti avait lui aussi enlevé et séquestré des diplomates, des journalistes et des chercheurs occidentaux dans les années 1984-1988, sans jamais prendre en considération les sentiments de leurs proches ou de leurs familles, ni la dimension humaine et humanitaire. [Lire à ce sujet nos informations du 30 juin 2008]

Ainsi, le Hezbollah élargit le domaine de la confrontation avec Israël, désormais ouverte au-delà des fermes de Chebaa. A l’approche du premier anniversaire de l’assassinat de Imad Maghnieh, les propos de Nasrallah prennent toutes leurs dimensions. D’autant plus que le chef du Hezbollah estime que « la guerre à Gaza, remportée par la résistance palestinienne sans l’ombre d’un doute, se poursuit, même si l’ennemi israélien a cessé ses raids quotidiens... ».

Une nouvelle tension politique plane ainsi sur le Liban, en raison de ces prises de positions du Hezbollah, alors que la scène palestinienne au Liban bouillonne. La nuit dernière, plusieurs accrochages ont opposé des partisans du Fatah à des militants du Hamas, dans au moins quatre camps de réfugiés (deux à Tyr, dans le Sud, un à Beyrouth, et un dans le nord de la Bekaa). Une vive tension due notamment aux propos des factions palestiniennes basées à Damas, qui refusent la trêve à Gaza, qui poursuivent le harcèlement avec leurs tirs d’obus et d emissiles sur le sud d’Israël, et qui projettent un « coup d’Etat politique contre l’OLP ». Khaled Mechaal l’a annoncé depuis le Qatar. En face, Mahmoud Abbas affirme que « Mechaal a commis des crimes, en décrétant la guerre à Gaza, en prenant la population en otage et en la transformant en chair à canon. Il est passible d’une cour de justice », a précisé le président de l’Autorité palestinienne.

Dans ce chaos palestinien caractérisé, le FPLP-CG d’Ahmed Jibril a proféré mardi, depuis Damas, des menaces contre la France, affirmant que « son implication dans le blocus sur les armes imposé à Gaza (par mer) met les intérêts de Paris en danger dans la région et dans les pays musulmans ». Est-ce la raison qui justifie le retrait des frégates françaises des eaux territoriales libanaises déployées dans le cadre de la FINUL, et annoncé par le Premier ministre Fraçois Fillon dans le cadre des restrictions budgétaires ? L’avenir nous le dira sans doute. Mais ce qui est certain, aujourd’hui, c’est que la Syrie estime avoir remporté un succès sans bévue sur la France et déguste sa victoire. Dans son interview du 26 janvier, Bachar Al-Assad a en effet indirectement reconnu avoir berné Nicolas Sarkozy concernant la nomination d’un ambassadeur syrien au Liban : « cette question n’a pas de date limite et nous n’avions jamais promis de respecter un quelconque calendrier », a-t-il admis. Le président syrien a également insisté sur son refus de conditionner l’amélioration des relations syro-françaises par les relations syro-libanaises. « Nous avons clairement dit aux Français que leurs relations avec la Syrie ne sauraient passer par le Liban », a-t-il dit en substance.

Ainsi, Assad a utilisé la main tendue de Paris pour briser son isolement, sans rien céder sur les dossiers conflictuels entre Paris et Damas, en attendant de tendre sa main à Barack Obama, lequel doit rapidement nommer son ambassadeur à Damas. Selon un site libanais, il s’agirait de Frederic Hof.

Khaled Asmar
« MediArabe.info »

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