Défendre les défenseurs de la liberté



Caroline B. Glick
Aussi aberrants que puisse paraître ce retour des procès fantoches, on saisit mieux ce qui les rend possibles en Europe : un retournement complet des valeurs morales de l’opinion, une hypocrisie totale de la part des politiques. Si Israël doit effectivement se battre sur le plan politico-diplomatique, c’est à une réfection morale que les sociétés européennes doivent se livrer, non seulement pour ne pas sombrer dans la judéophobie d’Etat, mais aussi pour ne pas perdre ce qui justement les caractérise et se protéger de la lente gangrène islamiste qui avance ses pions juridiques sous le couvert d’une rhétorique humaniste creuse.
(J. Szlamovicz).


Jewish World Review

Texte original anglais : Defending freedom's defenders

Traduction française: Jean Szlamovicz


La semaine dernière, Tsahal a émis une directive inédite. Les médias israéliens doivent flouter les visages des soldats et de leurs responsables qui ont combattu lors de l’opération Plomb Fondu. Par conséquent, l’identité des soldats et officiers de Tsahal ayant participé à la lutte contre le régime terroriste du Hamas à Gaza est désormais classée secret défense.

Tashal a agi ainsi de manière à protéger les soldats israéliens de possibles poursuites en Europe pour de prétendus crimes de guerre. Le souci principal de l’armée vient d’Angleterre. En Angleterre, des citoyens sont autorisés à porter plainte, à titre privé, contre des étrangers dont ils considèrent qu’ils ont commis des crimes de guerre. A partir de ces plaintes, une cour britannique peut émettre un mandat contre ces individus de nationalité étrangère, s’ils se trouvent sur le territoire britannique, et les forcer à se soumettre à un procès. Ces dernières années, un certain nombre d’officiers de Tsahal de haut rang, retraités ou actifs, ont dû annuler des voyages en Angleterre, en raison du dépôt de telles plaintes auprès de tribunaux locaux sympathisants.

Suite à la décision de Tsahal, dimanche, le gouvernement a annoncé qu’Israël apporterait son soutien juridique a tout militaire de Tsahal poursuivi pour des actes qu’ils aurait commis lors de son service à Gaza. L’aide juridique comprendra la représentation par un avocat, des enquêtes sur les allégations dont ils sont l’objet, des tentatives de faire abandonner les plaintes, et une défense lors d’éventuels procès.

Le ministre de la Défense, Ehud Barak, qui a présenté cette décision devant le conseil des ministre au complet, le premier ministre Ehud Olmert, le ministre des affaires étrangères Tzipi Livni et leurs collègues, ont tous affirmé qu’en défendant ses soldats, l’Etat remplissait le rôle et le devoir sacré qui est le sien et qui consiste à protéger ceux qui protègent Israël.



Malheureusement le conseil des ministres et les responsables qui se sont exprimés, n’ont rien compris.

Mercredi dernier, une cour d’appel à Amsterdam a décidé que le député et dirigeant du mouvement anti-jihadiste hollandais, Parti pour la Liberté, Geert Wilders, serait traduit en justice pour le prétendu « délit » d’incitation à la haine contre les musulmans, que constituerait son court-métrage Fitna, sorti l’an dernier.

Dans Fitna, Wilders met en parallèle des versets du Coran et les attaques terroristes islamiques, des sermons incitant les fidèles à tuer les non-musulmans et des proclamations de religieux islamiques, selon lesquelles les musulmans doivent tuer les Juifs, conquérir le monde et dominer les infidèles.

La deuxième moitié de ce film de 15 minutes concerne la Hollande. Elle souligne l’immigration massive de musulmans dans le pays, ces quinze dernières années, et montre des dirigeants islamiques en Hollande appeler au meurtre d’homosexuels, pousser à soumettre les femmes, à lapider les femmes adultères et à conquérir le pays. Fitna se termine par un appel aux musulmans pour qu’ils suppriment de leur système de croyance les versets coraniques appelant au djihad, et par un appel aux Hollandais pour qu’ils défendent leur pays, leur culture et leur civilisation, et le protègent de la vague islamique actuelle en Europe.

Les éléments présentés dans Fitna sont véridiques. Ils sont également explosifs. En revanche, on voit mal en quoi ils seraient illégaux. En présentant un tel contenu de cette manière, Wilders ne diabolise pas les musulmans, il propose comme défi à ses compatriotes (en fait, il en est quasiment à les supplier) de se lancer dans un débat permettant de déterminer si sa vision pessimiste de l’islam est correcte ou non.

Wilders vit sous protection policière, 24 heures sur 24, depuis qu’un djihadiste hollandais a assassiné le réalisateur Theo Van Gogh en 2004. Van Gogh a été assassiné après avoir produit son court-métrage, Soumission, qui décrivait la misogynie du monde islamique et l’intimidation systématique des femmes dans les sociétés islamiques. Depuis, de nombreux religieux musulmans ont lancé des fatwas, c’est-à-dire des jugements religieux, appelant à l’assassinat de Wilders.

Le mois dernier, Wilders est venu en Israël et il était le conférencier invité d’un colloque anti-djihad du Menachem Begin Heritage Center, de Jérusalem, financé par le Dr Aryeh Eldad, député de la Knesset. Sous bonne garde, Geert Wilders a parlé devant une salle comble, développant l’idée qu’Israël est un Etat qui se trouve en première ligne du djihad international. Selon lui, la guerre contre Israël n’a rien à voir avec un différend territorial : c’est un conflit idéologique. En tant que poste avancé de la civilisation occidentale dans un monde islamique, Israël dérange l’expansion islamique. Par conséquent, quand Israël se défend contre ses ennemis, il protège également l’Europe et le reste du monde libre. Pour reprendre les termes de Wilders,

« c’est grâce à ces parents israéliens qui voient leurs enfants partir pour l’armée et ne dorment plus la nuit, que des parents, en Europe et aux Etats-Unis, peuvent dormir tranquilles et faire de beaux rêves sans penser aux dangers qui les menacent. »

Malheureusement, la décision, prise par le tribunal hollandais, de poursuivre Wilders pour avoir attiré l’attention sur les menaces du djihad en Europe, montre que les Européens ne sont pas particulièrement reconnaissants envers ceux qui les défendent. En fait, ils ont plutôt tendance à les mépriser. Des films comme Fitna et l’utilisation de la force militaire par Israël pour défendre ses citoyens des islamistes hégémonistes, sont là pour leur rappeler l’existence d’une menace sans cesse grandissante qu’ils s’efforcent désespérément de ne pas voir. Il est logique que les Européens ne manquent pas une occasion de s’en prendre à ceux qui veulent leur ouvrir les yeux.

L’onde de choc de la mise en examen de Wilders n’a pas tardé à avoir des effets concrets. En Angleterre, la communauté musulmane britannique s’est mobilisée pour empêcher que le film soit diffusé. Fitna devait être projeté à la Chambre des Lords le 29 janvier. Mais, vendredi dernier, devant la menace d’émeutes musulmanes massives, la Chambre des Lords a annoncé qu’elle annulait cet événement.

Lord Nazir Ahmed a proclamé que cette décision consistant à empêcher la projection de ce film - factuellement vrai et intellectuellement stimulant - était une « victoire pour la communauté musulmane ».

La dénonciation de Wilders est un exemple typique de la manière dont tous les torts retombent sur la victime. Durant ces quatre dernières années, Wilders a dû vivre une existence terrible. Il n’a pas de domicile. Les forces de sécurité le déplacent chaque jour. Depuis le meurtre de Van Gogh, toute la vie de Wilders consiste en une longue et permanente tentative d’esquiver la balle que lui destinent les musulmans radicaux, en Hollande et ailleurs dans le monde. Ces assassins potentiels veulent qu’il meure, non pour se venger d’une violence dont Wilders se serait rendu coupable, mais pour le simple fait d’avoir parlé de l’islam et d’avoir osé interpréter le sens de son message.

Inutile de préciser que les musulmans hollandais que Wilders a pu filmer, qui appellent au renversement de l’ordre constitutionnel hollandais et qui menacent les homosexuels, n’ont pas été arrêtés pour incitation à la haine. De la même manière, Lord Ahmed, qui a empêché la projection de Fitna au Parlement britannique, a été nommé pair d’Angleterre, malgré le fait qu’il a soutenu la condamnation à mort de l’écrivain Salman Rushdie, décidée par feu l’Ayatollah Khomeini, en 1989.

Et c’est typique de ce qui se passe aujourd’hui : de plus en plus, dans toute l’Europe, ceux qui soulignent les dangers de l’islam extrémiste sont pourchassés, d’abord par les musulmans, et ensuite par les autorités judiciaires. Inversement, ceux qui les menacent et veulent les faire taire physiquement sont congratulés par les Etats européens comme des dirigeants légitimes pour les communautés musulmanes.

Ce triste état de choses, où l’on applaudit les djihadistes, tandis que leurs victimes sont opprimées, s’appliquent, certes, à des gens comme Wilders, qui combattent activement les empiètements de l’islam sur la liberté européenne. Mais c’est également le cas de gens qui deviennent des victimes sur la base de leur identité ethnique.

Au moment précis où des gens comme Wilders sont condamnés à se cacher, les Juifs de toute l’Europe se retrouvent assaillis et assiégés, non en raison de ce qu’ils auraient fait, mais simplement parce qu’ils sont juifs.

Depuis un mois, les incidents de nature antisémite ont atteint des pics inédits depuis la Shoah. Des enfants juifs ont été violemment attaqués en France, interdits d’inscription scolaire au Danemark, harcelés en Angleterre, en Suisse, en Hollande et en Allemagne, uniquement parce qu’ils sont juifs.

En Grande-Bretagne, des musulmans ont désormais pris l’habitude d’aller dans des commerces dont les propriétaires sont juifs et dans des restaurants kasher afin d’en menacer les propriétaires et les clients. Uniquement parce qu’ils sont juifs. On a incendié et vandalisé des synagogues. On a lancé sur Internet des appels aux musulmans américains pour qu’ils intimident les Juifs en entrant dans les synagogues, pendant les offices et en condamnant les fidèles pour leur soutien à Israël.

Des juifs ont été brutalisés par des bandes de musulmans en Grande-Bretagne, et poignardés en France, uniquement parce qu’ils sont juifs.

Cette semaine, en Suède, des manifestants pro-Israël ont été attaqués à coups de pierre par des musulmans. Même aux Etats-Unis, les violences antisémites et les intimidations ont atteints une ampleur inédite. Et dans presque tous ces cas de violence antisémite, dans ce que l’on appelle communément le monde libre, les auteurs de ces violences sont des musulmans. Leurs attaques se font avec le soutien total des multiculturalistes non musulmans et des néo-nazis. Ces deux groupes, qui sont censés être radicalement opposés, ne voient apparemment aucun problème à être du même avis quand il s’agit de casser du juif.

Et, dans tous ces cas de violences antisémites, l’identité islamique des agresseurs a été systématiquement minimisée ou gommée par les médias et les hommes politiques, ou utilisée comme justification de leurs crimes. En France, par exemple, vu la façon dont les dirigeants du gouvernement en parlent, on pourrait croire que ce sont les opérations de Tsahal contre le Hamas à Gaza qui ont poussé des dizaines de jeunes musulmans à tabasser une fillette juive de dix ans.


Venons-en au conseil des ministres de dimanche. Sa décision de faire en sorte que le gouvernement apporte son aide juridique à tout militaire de Tsahal qui se trouverai soudain en position d’illégalité s’il passait ses vacances à Londres, Bruxelles, Oslo, ou Stockholm, est totalement à côté du problème. Ce que [les membres du Cabinet] n’ont pas compris, c’est que, dans l’éventualité où ces militaires de Tsahal seraient accusés de crime de guerre, même les meilleurs défenseurs leur seraient de peu d’utilité. Ils ne comparaîtront pas en tant qu’accusés dans un procès légitime. Ils seront les victimes de procès politiques fantoches.

Dans une interview accordée à Haaretz vendredi [23 janvier], Wilders avait tout à fait raison de dire que la décision de le poursuivre, prise par la cour hollandaise, n’était pas juridique, mais politique. Et s’il est condamné, sa condamnation ne reposera pas sur des preuves matérielles mais sur le désir des Hollandais multiculturalistes de faire de lui un exemple afin d’apaiser les extrémistes musulmans qui souhaitent sa mort, et d’inciter quiconque voudrait l’imiter à se tenir coi.

De la même manière, les militaires de Tsahal qui seraient condamnés pour crimes de guerre ne le seraient pas sur la base de faits. Ils seront persécutés dans le seul but de satisfaire le but des juges et des procureurs : apaiser leurs nationaux musulmans extrémistes, lesquels ne rêvent que de la destruction d’Israël et s’en prennent à toute personne qu’ils perçoivent comme un soutien d’Israël.

Face à cette triste réalité, les mesures qu’Israël doit prendre pour défendre ses citoyens ne peuvent pas être juridiques mais diplomatiques. Israël devrait publier des avis destinés aux voyageurs pour leur signaler tous les Etats qui autorisent des procès montés de toutes pièces contre ses citoyens. Et il devrait menacer d’une rupture des liens diplomatiques tout pays qui cherche à persécuter des soldats israéliens.

Ce n’est qu’en reconnaissant et en montrant du doigt ce qui se passe réellement qu’Israël aura quelque chance de protéger ceux qui défendent notre liberté contre des Européens qui ont décidé de se soumettre à l’intimidation islamique plutôt que de protéger leur propre liberté.

Caroline Glick

© Jewish World Review

Mis en ligne le 30 janvier 2009, par M. Macina, sur le site upjf.org

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