Israël poursuit sa stratégie d’isolement de la bande de Gaza



GUERRE | Pour imposer au Hamas un cessez-le-feu durable, l’armée israélienne isole le territoire palestinien.



OURI DANIEL JÉRUSALEM

Au onzième jour de l’offensive «Plomb durci», le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a fait hier ce constat: «Nous avons coupé la bande de Gaza, et encerclé la ville de Gaza.» Le ministre entérine ainsi une stratégie manifeste d’isolement du territoire palestinien.

La presse maintenue à l’écart

Malgré les protestations de l’Association de la presse étrangère et un arrêt de la Cour suprême d’Israël, le black-out sur les opérations de Tsahal est maintenu. Aucun journaliste n’est autorisé à les couvrir.

Contrairement à son prédécesseur, Dan Haloutz, qui courait les studios de télévision durant la guerre contre le Hezbollah (2006), l’actuel chef d’état-major, le général Gaby Ashkenazi, garde obstinément le silence. Il n’y a pas de briefing, et les téléphones portables des soldats sont
confisqués.

Résultat: la presse internationale est confinée à la périphérie de la bande de Gaza. Il faut donc s’en remettre aux journalistes palestiniens du territoire, leurs collègues étrangers étant depuis longtemps partis après une série d’enlèvements.

Les bombardements ont détruit les locaux de plusieurs médias palestiniens – Al Aqsa, Al Rsala, Sawt-al-Aqsa. En conséquence, les informations proviennent presque exclusivement des collaborateurs d’agences internationales de presse.

Les gens du Hamas se taisent: ils ont peur. Il reste des témoins, civils ou employés d’organisations humanitaires, interrogés par téléphone, ou encore les confidences discrètes de soldats revenus d’opérations.

Le morcellement de la bande de Gaza

Les forces israéliennes ont isolé la bande de Gaza – 362 km² en lui imposant un blocus naval et en fermant ses frontières extérieures vers Israël et l’Egypte. Ses blindés ont encerclé la ville de Gaza, où se trouve la direction du Hamas, qui risque d’être prise dans la nasse. De violents combats se déroulent déjà dans les quartiers de Choujaya et Zeitoun.

La bande de Gaza a en outre été morcelée en trois parties. Objectif: briser la chaîne de commandement de la branche armée du Hamas. Israël veut aussi empêcher les chefs du Hamas de fuir vers le sud ou de réapprovisionner le nord en roquettes qui seraient tirées sur Israël.

Les tunnels à la frontière égyptienne

Israël considère la bande de Gaza comme «une entité ennemie» depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en juin 2007 et soumet la région à un blocus économique. Pour échapper à l’asphyxie, les Palestiniens ont creusé des centaines de tunnels sous la frontière avec l’Egypte. C’est aussi par là que transitent les roquettes et de nombreux armements «made in Iran». A l’aide de bombes américaines très précises, l’aviation israélienne a attaqué des dizaines de ces tunnels – repérés par ses renseignements – afin de mettre fin à cette contrebande.

Les exigences d’Israël

Les dirigeants israéliens affirment qu’ils ne veulent ni renverser le régime du Hamas ni réoccuper la bande de Gaza. Ils envisagent un cessez-le-feu à long terme stipulant, avec des garanties internationales, que le Hamas ne pourra ni tirer de roquettes ni se réarmer par les tunnels.
Les Etats-Unis fourniraient à l’Egypte une assistance logistique et du matériel sophistiqué pour repérer lesdits tunnels. L’accord prévoirait aussi la restitution du soldat israélien Gilad Shalit détenu à Gaza depuis 2006. En échange, le Hamas sauverait la face en obtenant la réouverture du terminal routier de Rafah, aux conditions fixées par l’Egypte.

la tribune de geneve

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