Le Hamas, la Syrie et l'Iran, nouvel axe du mal


Le directeur du quotidien égyptien gouvernemental Al-Gumhouriyya : le Hamas, la Syrie et l'Iran, nouvel axe du mal


Le directeur du quotidien gouvernemental égyptien Al-Gumhouriyya, Muhammad Ali Ibrahim, est l'auteur d'une analyse en trois parties intitulée "le Hamas, Damas et l'Iran, le nouvel Axe du mal". Il y critique les prises de positions du Hamas, de la Syrie et de l'Iran concernant Gaza et l'ouverture du point de passage de Rafah. Ibrahim estime que l'Iran et la Syrie ont fait en sorte que le problème palestinien demeure irrésolu afin de s'en servir pour promouvoir leurs propres intérêts dans la région. Selon l'auteur, le Hamas privilégie les intérêts de la Syrie et de l'Iran sur ceux des Palestiniens. Il qualifie en outre le Hamas de mouvement religieux tyrannique qu'il compare aux nazis, qui avaient eux aussi poussé leur peuple à la catastrophe au milieu du 20ème siècle.

Ce faisant, Ibrahim fustige également le Qatar, accusé de copiner avec l'axe irano-syrien et de diffuser des programmes anti-égyptiens sur la chaîne qatarie Al-Jazeera. Quelques jours après la parution de l'article, le directeur de l'hebdomadaire égyptien Roz Al-Yousef, Abdallah Kamal, publie un article du même type. Il qualifie le Qatar d'hypocrite, en raison des critiques adressées à l'encontre de l'Egypte parallèlement aux efforts déployés pour se forger des liens avec Israël et les Etats-Unis.

Le directeur d'Al-Gumhouriyya : le Hamas, la Syrie et l'Iran s'efforcent de ternir l'image de l'Egypte

Dans le premier article de la série, paru le 22 décembre 2008, Ibrahim écrit : "Depuis Damas, Téhéran et le Hamas critiquent l'Egypte et l'accusent de trahison, (1) se sentent obligés d'apporter des explications pour aider le public à comprendre des faits… que les Perses et les Syriens se sont efforcés de tronquer…

L'Egypte pensait que la Tahdia [calme] était l'intérêt suprême de Gaza (…) Toutefois Khaled Mechaal, Ismaïl Haniye [leaders du Hamas] et d'autres membres du Hamas, n'ont pas compris à quelle sorte de Tahdia l'Egypte oeuvrait… Ces héros pensaient que les missiles inoffensifs qu'ils tiraient sur Sdérot obligeraient Israël [à accepter une Tahdiah].

Avec l'échec du dialogue [national palestinien], l'Egypte a mis un terme à sa médiation [entre factions palestiniennes], mettant ainsi fin à l'espoir d'une conciliation inter-palestinienne et révélant au grand jour l'appui politique apporté au Hamas [par l'Iran et la Syrie] (…)

L'une des raisons de l'incapacité de parvenir à une hudna fut le refus du Hamas de faire la paix avec le Fatah et son rejet de la solution des deux Etats que le monde entier espérait (…)" (1)

La Syrie et l'Iran complotent pour exploiter la cause palestinienne dans leur propre intérêt.

Extrait du deuxième article d'Ibrahim, paru le 23 décembre 2008 : "Lorsque, fin janvier et début février 2008, le Hamas a entrepris d'inciter les résidants de Gaza à franchir [la frontière égyptienne], il est devenu évident que le [Hamas] espérait instaurer un émirat islamique au Sinaï (…) Le Hamas a tout à fait conscience que l'Egypte n'acceptera jamais la responsabilité de gouverner Gaza – ce qu'Israël essaie de lui imposer ; toutefois, si l'Egypte est sujet à des pressions arabes et islamiques le poussant à installer le Hamas dans le Sinaï pour raisons humanitaires – c'est-à-dire pour le sauver de la famine, du siège et d'attaques répétées -, les accords internationaux [de contrôle du passage seront invalidés].

[Ce dernier scénario a été imaginé] par Damas et Téhéran, pour un certain nombre de raisons : d'abord, [ils voulaient] que l'Egypte se préoccupe de sa sécurité nationale, afin que le problème palestinien ne soit pas résolu par le plus grand pays arabe [l'Egypte] et la communauté internationale, c'est-à-dire par l'instauration de deux Etats, chacun avec sa propre capitale.

Deuxièmement, [Damas et Téhéran voulaient] que le problème palestinien ne soit plus l'affaire du négociateur égyptien (désormais au fait de ses moindres détails et dont la réputation était source d'une admiration respectueuse de la part des [pays] arabes, de la région et au niveau international) et devienne l'objet de marchandages pour Damas et Téhéran. Parallèlement, [Damas] s'efforçait d'inclure le problème palestinien à un accord sur le Golan, ce qui rendrait les Palestiniens dépendants non seulement des désirs du Liban, mais aussi de ceux de la Syrie. Ainsi, la Syrie ramènerait le problème palestinien à son point de départ (…)"

Ibrahim ajoute : "Il est dans l'intérêt de l'Iran d'éviter de résoudre le problème palestinien avant la fin de la crise nucléaire iranienne, parce que l'Iran croit (…) qu'il peut jouer la carte du Hamas à des fins politiques, tout en améliorant de façon importante sa propre image (…) Nous avons sous les yeux un complot bien planifié, un programme conçu par Damas et Téhéran pour mettre le problème palestinien au service des intérêts de l'Iran et de la Syrie. C'est ainsi qu'ils se sont servis du Hezbollah et du Hamas avec une grande efficacité (…)" (2)

Les mouvements religieux [comme le Hamas] renferment des caractéristiques similaires au nazisme et à de nombreux partis tyranniques qui ont mené leurs nations respectives au désastre.

Dans son troisième article, publié le 24 décembre 2008, Ibrahim écrit : "Le Hamas croit, tout comme les Frères musulmans égyptiens, le Hezbollah et d'autres organisations religieuses, que tout ce qu'il fait est toujours bien (…) Le Hamas, comme tout autre mouvement idéologique, croit que parce qu'il a été élu par son peuple, le peuple n'a plus son mot à dire, et que parce qu'il a remporté les élections, il peut traiter la population [comme bon lui semble]. Les mouvements religieux renferment des caractéristiques similaires au nazisme et à de nombreux autres partis tyranniques qui ont conduit leurs nations respectives au désastre (…)

Les [déclarations] et les actions du Hamas caractérisent [un mouvement qui] s'efforce de conduire son peuple à la destruction (…) L'Egypte se préoccupe des Palestiniens, mais pas le Hamas – pas le moins du monde. Le Hamas tient tout le peuple palestinien en otage, disant : 'Nous vivrons ou nous mourrons ensemble.' Le Hamas impose le suicide aux Palestiniens, car il se considère comme leur dirigeant légitime.

Pour le Hamas, peu importe que l'équilibre des pouvoirs soit totalement à leur désavantage – ils demeurent arrogants. Les Palestiniens ont en effet élu le Hamas. Toutefois ce dernier n'a pas fait du bien-être des Palestiniens sa priorité, préférant rejoindre l'axe opposé aux pays arabes modérés : l'axe irano-syrien, opposé à l'Egypte et à l'Arabie saoudite.

Les positions du Hamas et de l'Egypte sont diamétralement opposées. Le Caire pense qu'il est impératif de sauver les Palestiniens de la catastrophe, tandis que le Hamas prétend qu'il n'y a rien de mal à ce qu'ils périssent tous, vu qu'ils deviendront martyrs et iront au Paradis. Il serait plus important de renforcer l'axe du mal Syrie-Iran, qui subventionne les mouvements religieux en Irak, au Liban et en Palestine (…).

Le Hamas pousse Gaza au massacre, et dénonce ce faisant les Arabes ou les Egyptiens qui ne leur sont pas venus en aide. Les Palestiniens doivent comprendre la vérité : les agissements [du Hamas] poussent [Gaza] vers un massacre (…)

Cela montre que le Hamas fait partie du plan de Tel-Aviv visant à éliminer le problème [palestinien]. Il se peut que le Hamas ne s'en rende pas compte ; où peut-être que si, mais il considère les intérêts syriens et iraniens comme cent fois plus importants que ceux de ses électeurs." (3)

L'axe irano-syrien n'entraînera pas l'Egypte dans la guerre

Dans un article du 1er janvier 2009, paru dans Al-Gumhouriyya, Ibrahim écrit : "[L'ouverture] du passage [de Rafah] n'est que l'un des nombreux objectifs du complot irano-syrien contre l'Egypte. L'axe irano-syrien cherche à entraîner rapidement l'Egypte dans un affrontement avec Israël. Toutefois, ces pays oublient que l'Egypte a décidé il y a longtemps d'adopter la paix. L'Egypte s'est assez battu et ne [sacrifiera] jamais sa vie pour défendre les autres (…)

Si le dirigeant du Hezbollah [Hassan Nasrallah] pense que l'Egypte devrait rejoindre le front [contre Israël], nous devons lui demander : où sont les fonds que vous accumulez ? Où sont les missiles Shihab 1, 2 et 5 et tous les autres missiles testés par Téhéran pour effrayer l'ennemi d'Allah et votre ennemi ? Ne faites-vous la guerre que devant les caméras de télévisions ? Les missiles de Téhéran ne sont-ils là [que] pour le spectacle ? [Pendant que] la machine de guerre israélienne attaque Gaza, vous attaquez l'Egypte. Vos héros restent assis dans leurs planques – et vous demandez : où est l'Egypte ? (…)

[Le dirigeant du Hamas Khaled] Mechaal, dans sa folie, se prend pour un héros, émettant des ordres depuis sa planque de Damas ou de Téhéran à ses homologues de Gaza, leur ordonnant de se faire tuer.

Aucun [mouvement] de résistance ne voit ses décisions prises par d'autres. Or Khaled Mechaal n'est pas libre : ses décisions sont contrôlées par Téhéran. Il ne massacre pas les Palestiniens dans le but de libérer la Palestine, ce qu'il est complètement incapable de faire, mais d'empêcher Abbas de négocier avec Israël. Peut-il y avoir plus grande folie ? (…)

L'Egypte ne se laissera jamais entraîner dans un affrontement avec Israël pendant que l'Iran reste assis bras croisés, émettant des ordres exécutés par ses laquais. Nos forces armées ne se battront jamais pour défendre la Syrie dont l'armée, pour autant que je sache, n'a pas envoyé une seule balle depuis 1973 (…)

Le Hamas n'a aucun avenir en Palestine. Ce qu'il a fait aux Palestiniens, pas même Israël ne l'a fait. Ce gouvernement est le premier gouvernement musulman au monde à empêcher ses citoyens de faire le Hajj [pèlerinage à la Mecque], et le troisième régime [arabe] à massacrer son propre peuple, après Saddam Hussein et Hafez El-Assad. L'armée égyptienne devrait-elle le défendre ? Devons-nous défendre des fous qui ont massacré leurs propres populations, tenu les blessés en otages et empêché [leurs citoyens] d'accomplir le Hajj et, pire encore, abattu l'un de nos fils [en référence à l'officier égyptien tué dans un affrontement avec le Hamas au passage de Rafah] (…) ?

Ibrahim fustige en outre le Qatar, qualifié d'hypocrite à cause des attaques dirigées contre les pays arabes, alors que lui-même œuvrerait à l'instauration de relations avec Israël et les Etats-Unis : "Washington avait autrefois un protectorat au Moyen-Orient – Israël -, mais il en a aujourd'hui deux : Doha et Tel-Aviv (…) Le Qatar est le pays arabe aux relations commerciales les plus développées avec Israël (…) Le Qatar a été le premier pays à vendre à Israël plus de gaz naturel que l'Egypte, et à un prix plus bas – et personne ne s'est opposé à cela. Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères qatari, Hamad bin Jazim bin Jaber Aal Thani, est en bons termes avec la ministre israélienne des Affaires étrangères Tsipi Livni. Les lettres et les présents qu'il lui a envoyés pour son anniversaire indiquent un [engouement amoureux] d'adolescent attardé. Il a choisi de s'acheter une résidence secondaire à Nahariya, pour passer des vacances avec ses amis israéliens, qu'il préfère aux Britanniques (…)

La base des opérations militaires américaines [au Moyen-Orient] se trouve à Doha – et est la plus grande base militaire américaine hors des Etats-Unis. C'est de là-bas que les Etats-Unis ont lancé l'offensive d'artillerie contre l'Irak, avant l'invasion de 2003, et c'est là-bas qu'ils ont préparé cette opération (…) Le Qatar a construit cette base américaine à ses propres frais (…) Il est vrai que le Qatar est occupé par les Etats-Unis, mais c'est avec l'assentiment du Qatar et de sa population. [L'occupation] fait plaisir [au Qatar] et est basée sur des intérêts mutuels [avec les Etats-Unis] (…) Et voilà que ce pays occupé cherche à organiser un sommet arabe, appelant les grands pays arabes à y assister. Parfois il s'imagine même qu'il peut donner des ordres (…)" (4)

Le directeur de Roz Al-Yousef : l'Iran, la Syrie et le Qatar luttent pour l'hégémonie régionale – aux dépens de l'Egypte

Dans un article paru le 3 janvier 2009 dans Roz Al-Yousef, le directeur du journal, Abdallah Kamal, s'en est également pris à l'axe Syrie-Iran-Qatar : "Il y a quelques années, en dépit de son alliance de longue date avec l'Iran, la Syrie est devenue le troisième membre de la Troïka des plus grands pays arabes, formée suite à la Deuxième guerre du Golfe (…)

Le premier membre de cette Troïka était l'Egypte, le second l'Arabie saoudite. Depuis toutefois, la Syrie est progressivement (…) tombée sous l'emprise de l'Iran, dont la politique est contraire aux intérêts des pays arabes, en raison de son ethnicité perse, de sa foi chiite et de son programme politique, complètement opposé à celui des Arabes.

La principale entrave à l'influence iranienne dans la région est la suprématie politique de l'Egypte. [C'est pourquoi l'Iran] s'est efforcé d'écarter l'Egypte de la scène ce dernier quart de siècle ou plus (…) Il essaie de pousser l'Egypte à un affrontement militaire avec Israël qui ruinerait son économie et sa stabilité politique pour les 25 ans à venir au moins, et le plongerait dans une situation sécuritaire sans issue (poussant les Palestiniens dans le Sinaï et en faisant une bombe démographique à retardement pour l'Egypte) (…)

L'Iran essaie même de renverser le régime égyptien, ou tout au moins de [mettre en doute sa légitimité] morale, afin d'exercer des pressions et de lui faire perdre son influence politique dans la région (…) Le lieu idéal de la réalisation de ce souhait n'est autre que Gaza (…)

L'Iran a aidé le Hamas à fabriquer des roquettes, par la contrebande d'ogives et de systèmes d'orientation de missiles dans Gaza – faits en Chine, en Corée, ou ailleurs. Le Hamas fabrique des roquettes avec de la poudre à canon, des tuyaux, des pièces qu'il reçoit.

L'Iran fournit en outre 40 millions de dollars par mois en fonds (25 millions de dollars pour le Hamas et 15 millions de dollars pour le djihad). (…)" (5)


MEMRI

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