Ben-Dror Yemini
«Israël ne tuera jamais autant d’innocents qu’en a tués l’Europe. Alors, qu’ils nous expliquent ce qu’est la morale de la guerre.» (B.D. Yemini). Je ne connais pas de meilleur programme de hasbarah que celui que nous offre, sur un plateau virtuel, le talentueux éditorialiste du "Maariv", Ben Dror Yemini. Je rêve de voir cet article dans toutes les salles de rédaction françaises. A chacun d'entre nous de faire ce qu'il faut pour obtenir ce résultat. Et comme le disait Herzl : "Si vous le voulez, ce ne sera pas une légende".
(Menahem Macina).
Maariv
Original hébreu : "Pishei milhamah wehasbarah".
Traduction française à partir de l’original hébreu : Menahem Macina, pour upjf.org
[Les liens (précieux) sont repris de la version anglaise de cet article qui figure sur le site Solomonia.]
« Nous conquerrons Rome. Et ensuite, toute l’Europe. Et quand nous en aurons fini avec l’Europe, nous conquerrons les deux Amériques. Et nous ne renoncerons pas non plus à l’Europe de l’Est ».
Et l’orateur, qui a besoin d’un espace vital (Lebensraum) d’une telle superficie, d’ajouter qu’il faut exterminer les Juifs.
Cela rappelle Hitler. Il parle comme Hitler, mais ce n’est qu’une ressemblance. Ces propos ont été émis par le Docteur Yunis al-Astal, membre du Parlement palestinien pour la faction du Hamas. Ses propos sans ambiguïté, comme ceux d’autres dirigeants de premier plan du Hamas sur l’extermination des Juifs et la domination du monde par l’islam radical, ne sont pas secrets. Ils sont à la disposition de quiconque veut les consulter. Par exemple, dans les enregistrements vidéo de la chaîne de télévision du Hamas, qui figurent sur le site du MEMRI, ou sur celui de PMW (Palestinian Media Watch), en hébreu, en anglais et dans d’autres langues. Il suffit que quelqu’un suive les choses de près. Il suffit que quelqu’un veuille montrer au monde la vérité sur le Hamas.
Mais l’Israël officiel et tout le personnel mis en place pour expliquer et justifier l’opération, n’ont pas cru utile, jusqu’ici, de faire passer le message clair, ainsi que d’autres preuves frappantes et fiables, concernant la nature du Hamas. Si encore c’était la seule carence, mais il y en a d’autres.
L’OTAN aussi commet des erreurs
Les réfugiés croyaient avoir trouvé un abri. Ils se trompaient. Le bombardement aérien n’épargna pas leurs vies. Plus de cent d’entre eux furent tués. Il ne s’agit pas du récit du bombardement tragique d’une école de Gaza, mais de celui du bombardement de Korisa, dans l’ancienne Yougoslavie. Ces bombardements furent effectués par des avions de l’OTAN. Cela s’est produit il y a moins de dix ans, le 13 mai 1999. Voici d’autres exemples.
· Le 12 avril, des avions de l’OTAN tuèrent – par inadvertance, bien entendu –, douze civils.
· Le 14 avril, ils tuèrent 70 réfugiés.
· Le 27 avril, 16 civils furent tués.
· Le 1er mai, 23 réfugiés furent tués dans le bombardement d’un autobus.
· Le 6 mai, 16 furent tués par une bombe à fragmentation.
· Le 19 mai, un hôpital de Belgrade fut bombardé : trois personnes furent tuées.
· Le 30 mai, 11 personnes périrent dans le bombardement d’un pont.
· Le même jour exactement, un foyer de personnes âgées fut bombardé et 20 pensionnaires périrent.
· Le lendemain, 11 autres personnes furent tuées.
· Entre temps, l’ambassade de Chine fut bombardée et un missile qui avait dévié de plus de quarante kilomètres atteignit Sofia, la capitale de la Bulgarie. « Nous sommes désolés, c’était une erreur », dit le porte-parole de l’OTAN.
Car c’est ce qui arrive dans les guerres. C’est triste, c’est malheureux, et les Européens sont invités à se souvenir non seulement de leur passé lointain, à l’époque où ils bombardèrent les habitants de Dresde, mais aussi du passé récent, avant de faire la morale à Israël. Car Israël n’a pas atteint – et n’atteindra pas – le dixième, voire le centième du nombre d’innocents tués par des Etats démocratiques européens au cours de guerres justes.
Nous n’avons pas à fournir des explications à l’Europe
L’Europe a-t-elle changé ? Ci-après, une citation extraite d’un rapport du Secrétaire général des Nations unies : « Sur les 8 000 morts d’Afghanistan en 2007, 1 500 étaient des civils ». Sur ces 1 500, la moitié, ou les deux tiers, furent assassinés par leurs frères Taliban, et le reste, soit au moins cinq cents personnes, sont des civils qui ont été tués par divers bombardements, y compris ceux des armées européennes en opération dans le cadre de l’OTAN.
Des spécialistes affirment que les évaluations de l’ONU sont minces et minimalistes, et que les chiffres réels sont beaucoup plus élevés. De plus, l’année 2008 a été beaucoup plus terrible, et le nombre de victimes innocentes fut bien plus élevé. On parle de milliers. En fait, à cette époque, les armées européennes causent, chaque semaine, la mort d’innocents. A ce massacre terrible et épouvantable, il y a une justification : la lutte contre les Taliban.
Donc nous ne devons aucune explication aux Européens. C’est eux qui doivent nous fournir des explications. En effet, les Taliban n’ont lancé aucune roquette sur une ville européenne. Le Hamas, lui, tire sur Israël. Les Taliban ne proclament pas leur volonté de tuer tous les Européens. Le Hamas, par contre, incite à l’extermination des Juifs dans sa Charte et dans les prédications de ses dirigeants. Et malgré cela, les Européens estiment justifié de rester en Afghanistan, uniquement pour écraser une branche de plus de l’islam fanatique. Tout comme Israël face au Hamas. Et en tout cas, la menace que constitue le Hamas pour Israël est bien plus grande que celle que représentent les Taliban pour les Européens.
Alors, pourquoi, au nom du ciel, leur est-il permis de combattre à des milliers de kilomètres de leurs Etats, de tuer des centaines ou des milliers d’innocents et d’affirmer que leur combat est juste, mais que s’agissant d’Israël, c’est interdit ? D’où leur vient cette arrogance ?
Un peu de proportion
Deux mots à propos des proportions. Des milliers de combattants Taliban sont tués chaque année, pour quelques dizaines de soldats européens. Des centaines, ou des milliers de civils innocents sont tués sur le même sol, alors qu’aucune victime civile n’est à déplorer en Europe. Et vous, en Europe, vous voulez nous donner des leçons d’éthique de guerre et de « réactions proportionnées » ? Êtes-vous sérieux ?
Le Liban peut le faire, mais pas nous ?
Encore un mot sur la proportionnalité. En mai 2007, éclata une confrontation entre l’armée libanaise et un petit groupe du nom de "Fatah al-Islam", qui se retrancha dans quelques bâtiments du camp de réfugiés de Nahr-al-Bared. Ce groupe est une autre tumeur cancéreuse du djihad global. L’armée libanaise n’opta pas pour le combat en zone habitée. Elle se contenta de bombarder et de détruire les bâtiments, d’une manière dont Israël ne peut rêver.
Le chiffre officiel des pertes de l’armée libanaise est évalué à 168, et à plus de 300 réfugiés tués dans le camp, les uns étant des combattants, d’autres, des civils. Six soldats de l’UNIFIL et deux employés de la Croix Rouge trouvèrent également la mort. Le camp de réfugiés devint une ville-fantôme. 33 000 des 40 000 réfugiés qui s’étaient enfuis n’avaient nulle part où retourner. Les soldats libanais refusèrent de prendre des risques inutiles. La force à laquelle ils avaient affaire était pourtant infime, et certainement beaucoup moins importante que les 16 000 terroristes du Hamas, qui se cachent dans les tunnels de Gaza. Si l’armée libanaise avait dû s’en occuper, il ne resterait plus une seule demeure debout dans la ville : Gaza - et pas seulement Jebalya - aurait été rayée de la surface de la terre.
Quand le Liban s’occupa de cette excroissance sauvage de la menace radicale islamique, parmi beaucoup d’autres, il devint l’enfant chéri de la majorité du monde arabe et du monde libre. Il employa des moyens qu’Israël n’a même pas le droit d’envisager. La plupart des victimes étaient des innocents. Les images de mort et de dévastation, qui étaient accessibles à quiconque était intéressé, ne déclenchèrent aucun mouvement du baromètre des proxénètes de la conscience, et on ne constata aucune manifestation violente dans les rues de Londres, ou de Paris. Le Liban fut acclamé. Après tout, il est permis aux Arabes de "s’occuper" des Arabes.
Pourquoi est il permis au Liban de recourir à des moyens brutaux pour traiter toute tumeur cancéreuse du djihad mondial ? Pourquoi est-il permis à l’Europe d’aller aussi loin qu’en Afghanistan et d’y tuer des milliers de combattants et de civils, pour s’occuper de ce fameux djihad ? Et pourquoi, diantre, n’est-ce interdit qu’à Israël, alors que la menace qui pèse sur lui est bien plus grande ?
Erdogan, l’effronté
Même l’arrogant dirigeant turc, Erdogan, s’est rallié à l’attaque contre Israël. Arrogant, parce qu’il ferait bien de la fermer. Dans son Etat il y a des lois qui interdisent de rappeler les crimes perpétrés contre les Arméniens. Si Israël avait adopté les critères de la Turquie, un tiers des professeurs des facultés de Lettres et de Sciences sociales d’Israël seraient condamnés à la prison, parce que, dans nos établissements universitaires, exalter la "Nakba" et d’autres messages anti-israéliens, est justement une condition de promotion académique.
Rappelons à Erdogan les dizaines de milliers de Kurdes tués ou massacrés dans le cadre de l’opération destinée à faire taire toute critique des Turcs. Et rappelons-lui le cas de Leyla Zina et du bref discours qu’elle prononça quand elle fut élue au Parlement turc. Elle n’avait pas recommandé de soutenir le terrorisme. Elle n’avait pas justifié l’envoi de roquettes à partir de zones kurdes sur des agglomérations turques. Elle n’avait pas dit que les Kurdes étaient des "Shahids" [martyrs]. Rien de tout cela. Elle avait conclu sa brève allocution par ces mots : « Je jure [d’œuvrer à] la fraternité entre les peuples turc et kurde ». Mais cette phrase terrible et horrible, et elle seule, elle l’a émise en langue kurde. Selon la loi turque, il s’agit d’un crime. Elle a perdu son immunité parlementaire et a été condamnée à 10 ans de prison. Quand elle écrivit quelque chose depuis son lieu d’incarcération, elle écopa de deux années supplémentaires.
Racontez cela aux membres arabes de la Knesset, Monsieur Erdogan. Chez vous, ils seraient déjà au cachot. A présent, ils vous admirent. L’hypocrisie de la plus basse espèce a toujours été populaire chez certains d’entre eux. C’est maintenant le cas également chez vous.
L’importance du combat autour du petit écran
Dans la lutte entre Israël et le Hamas, il est impossible de remporter la victoire sans légitimité. Car Israël n’est pas la Russie qui a combattu contre la Tchétchénie, ni l’OTAN qui affronte les Taliban, ni le Liban qui efface un camp de réfugiés et qu’on acclame. Nous avons besoin de légitimité. Nous sommes en mesure de l’obtenir, mais seulement à condition que nous disions la vérité. C’est aussi important que le combat du char.
L’Israël officiel fait des efforts, mais aucun message important n’a pénétré dans l’opinion publique mondiale :
· Ni le fait que le Hamas est une organisation antisémite appelant à l’extermination des Juifs.
· Ni le fait que le Hamas veut dominer le monde.
· Ni le fait que le critère d’une « réaction proportionnée » constitue un non-sens absolu, et que l’Europe ne l’a pas respecté jadis et ne le respecte pas aujourd’hui.
· Ni le fait que le Hamas est pire que les Taliban.
· Ni le fait que les dommages causés à des innocents, si tragiques qu’ils soient, sont beaucoup plus faibles en ce qui concerne Israël, si on les compare aux mêmes dommages causés par les Européens.
Cet échec vide le compte de la légitimité dont nous avons bénéficié dans les premiers jours de la guerre. Et quand Israël perd la guerre de la télévision, le tank devient muet.
Ce n’est pas le Shabak qui dévoilera les mensonges
Qu’il me soit permis de défendre ceux dont la position diffère de la mienne. Il y a, bien sûr, à Gaza, des gens qui veulent protester. Ils ne le peuvent pas. Ils se briseront le crâne. En tout état de cause la situation d’Israël est préférable. S’il y a une propagande mensongère et trompeuse, ce n’est pas aux gens du Shabak [services de sécurité du territoire] de s’en occuper. Aussi bien, rameuter des manifestants et les menacer, comme il semble que cela ait eu lieu, ce n’est pas la méthode qui convient.
Et d’ailleurs, tant que la protestation se situe au niveau personnel ou humain – après tout, il s’agit aussi de proches parents des Arabes d’Israël -, il faut la comprendre. Mais quand la protestation est politique, il faut dévoiler ses mensonges. Il faut l’affronter au niveau politique, non dans les caves où se pratiquent les interrogatoires.
Ben Dror Yemini
© Maariv
[Texte aimablement signalé par le Dr Giora Hod, Israël.]
Mis en ligne le 19 janvier 2009, par M. Macina, sur le site upjf.org
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