Mort à nous !

Mort à nous !

Par Sébastien Machiels
à Bruxelles



C’est dur de haïr tout seul ; mais à plusieurs, c’est un vrai plaisir. (Bernard-Marie Koltes)

Ces dernières semaines, toutes les villes principales d’Europe ont été agitées par des soubresauts inquiétants de manifestations, non pas pro-palestiniennes, mais bien anti-israéliennes.

Sous couvert de soutien aux Gazaouis, nos rues ont subi un raz-de marée de démonstrations de haine, lors desquelles comparer les événements de Gaza à l’Holocauste était du dernier chic.

Les drapeaux du Hamas et du Hezbollah infestent nos vents ; les voitures de passants brûlent ou sont saccagées, des devantures de magasins sont brisées, sans la moindre relation avec Gaza, mais surtout, sans que les Européens ne se rebiffent, sans qu’ils ne dénoncent les vandales et leurs mobiles.

A croire qu’ils admettent une part de culpabilité dans les accusations des partisans du Hamas, du Hezbollah et de l’Iran. A croire que l’Europe aurait, elle aussi, quelque chose à se reprocher.

Les Protocoles des Sages de Sion ressortent, par on ne sait quel prodige, mais cette fois en plein jour, de manière totalement décomplexée et je dirais même revendicatrice.

Cet argument absolu pour prouver que les Juifs dirigent le monde enfume de plus en plus une jeunesse désœuvrée des quartiers, en mal de repaires, tant sociaux que cultuels.

Les télévisions et autres media, parmi lesquels nos différents quotidiens, rivalisent, dans leur ensemble, en surenchères malsaines et partisanes. Tant leurs premières pages que leurs divers éditoriaux condamnent Tsahal sans aucun discernement.

Des éditorialistes expliquent, dans un même souffle et sans ciller, que les media ne devraient pas jeter de l’huile sur le feu, tandis que leurs canards titrent, sur cinq colonnes à la une : « Massacre à Gaza », ou encore, « Les bavures israéliennes se multiplient à Gaza ».

A Paris, sur le plateau d’une chaîne de télévision, des journalistes stigmatisent le vénérable et hyper consensuel CRIF, accusant les Juifs de souffler sur les braises ardentes d’un communautarisme trop marqué, voire paranoïaque.

La police demande aux responsables d’une synagogue bruxelloise tout juste vandalisée de ne pas ébruiter l’affaire pour ne pas « en rajouter ».

L’Israélien peut se défendre, mais le Juif de diaspora doit encore, face au fantasme populaire, courber l’échine et se taire.

Le gouvernement israélien est démonisé comme jamais. Nombre de nos hommes politiques de premier plan en appellent au Tribunal International de La Haye.

Avant même le début des hostilités, le parlement européen, et certains de ses parlementaires, avaient invité, dans l’antre de la démocratie des Vingt-Sept, les représentants de l’organisation terroriste – selon leur propre classification - du Hezbollah et leur télévision Al Manar.

Le célèbre animateur-producteur Arthur a dû annuler, ce vendredi, son one-man-show dans une ville de province. Des manifestants pro-palestiniens bloquaient l’entrée de la salle. Lorsqu’après de longs moments l’on parvint à les expulser, Arthur n’avait plus le cœur à rire.

Dans le même espace temps, à Paris, à l’Olympia, Dieudonné faisait remettre, par un homme déguisé en déporté, un prix factice à Robert Faurisson, négationniste notoire, et ce, sous les applaudissements fournis de cinq milles personnes.

Les mêmes que celles qui arpentent le pavé en criant « mort aux Juifs ! » et « Djihad, Hamas, Hezbollah ! ».

Pour une fois, les Juifs de diaspora peuvent affirmer, sans risque de se tromper, partager le sort funeste de leurs frères israéliens. A leur instar, quoique nous fassions nous sommes les mauvais :



- Ne pas laisser les médias nous salir, cela leur fait dire que nous mentons, pire, nous affabulons.



Voilà donc la preuve irréfutable que nous dirigeons les media…



- Que nous ne nous exprimions pas, et l’interprétation populaire tombe comme un couperet : C’est parce que nous avons honte de ce que fait notre pays de cœur.



- Les accusations de double allégeance, même contre les Juifs qui n’ont jamais mis les pieds dans l’Etat hébreu ou dans une synagogue, sont devenues monnaie courante.

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