Le leader d’Israël Beiténou, Avigdor Lieberman, est visiblement la nouvelle étoile montante de la politique israélienne. Les sondages prédisent que sa formation devrait obtenir plus de sièges que le parti travailliste à l’issue des élections ! Si les Israéliens apprécient la campagne virulente de Lieberman contre les députés arabes qui soutiennent le terrorisme, beaucoup d’entre eux ignorent ses positions sur bien d’autres dossiers importants.
Israël Beiténou est loin d’être un parti de “droite classique” : Avigdor Lieberman soutient la création d’un Etat palestinien qui verrait le jour suite à un échange de population : son programme comprend notamment l’incorporation des grands blocs d’agglomérations arabes israéliennes, tels qu’Oum El Fahem, au futur Etat palestinien. Dans le cadre de ce plan, Israël annexerait en contrepartie les grands blocs de localités juives de Judée et Samarie mais détruirait toutes les localités juives considérées comme isolées ! Ajoutons que les dirigeants arabes israéliens sont farouchement opposés à cette initiative, principalement parce qu’ils n’ont guère envie de vivre sous le régime corrompu et anarchique de l’Autorité palestinienne…
En plaçant en tête de liste l’ex-ministre du Likoud Ouzi Landau, Dany Ayalon (ex-ambassadeur à Washington) et Orly Lévy, Avigdor Lieberman est parvenu à briser l’image “russe” de son parti. Mais les Olim de l’ex-URSS demeurent toujours l’électorat de base d’Israël Beiténou. C’est pourquoi Lieberman soutient l’autorisation des mariages civils en Israël, réclamée par les milliers d’immigrants russes non-juifs et certains milieux juifs ultra-laïcs. Le leader d’Israël Beiténou avait exigé l’adoption d’une loi sur ce dossier avant d’entrer dans le gouvernement Olmert en octobre 2006. Les partis religieux ont néanmoins torpillé jusqu’à présent cette loi qui faciliterait les mariages mixtes.
Il est également intéressant de se pencher sur le parcours personnel d’Avigdor Lieberman. Né à Kichinev (Moldavie) en 1958, il a fait son Alyah en 1978. Ses activités politiques débuteront en 1988, lorsqu’il propose ses services à Binyamin Netanyahou au moment où ce dernier se présente pour la première fois sur la liste du Likoud. Durant les dix années qui suivent, les deux hommes poursuivront ensemble leur carrière : lorsque Netanyahou est élu à la tête du Likoud en 1993, Lieberman est nommé directeur général du parti. Après la victoire aux élections de 1996, il est nommé directeur du cabinet du Premier ministre. Avigdor Lieberman, sera contraint de quitter ce poste un an plus tard à cause de poursuites judiciaires dont il fait l’objet.
C’est en 1999 qu’il fonde le parti Israël Beiténou qui obtient 4 sièges à la Knesset. Mais le financement douteux de sa campagne électorale fait l’objet d’une enquête judiciaire. La police israélienne accuse Lieberman d’avoir reçu illégalement plusieurs millions de shekels du milliardaire Martin Schlaff, un homme d’affaires autrichien connu pour être le copropriétaire du casino de Jéricho avec Yasser Arafat. Les larges bénéfices de ce casino (très fréquenté par les Israéliens avant d’être fermé durant la deuxième Intifada) serviront notamment à financer la vague de terrorisme orchestrée par Arafat dès septembre 2000… Lieberman reconnaît son amitié avec Martin Schlaff mais réfute toutes les accusations. Cette enquête reste inachevée à cause du manque de coopération du système juridique autrichien.
Rappelons également que la police israélienne a révélé ces derniers jours une nouvelle affaire de financement illégal du parti Israël Beiténou, par l’intermédiaire d’un réseau de sociétés fictives. De son côté, Avigdor Lieberman affirme être victime d’”enquêtes politiques”, un argument qui semble avoir convaincu ses partisans.
par David Geller
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