Selon la CIA : une alliance entre les radicaux sunnites et chiites, drigée par l’Iran, déstabilise le Proche-Orient



Avec dix mois de retard, la CIA s’inspire de MediArabe.info et confirme notre lecture.

par Khaled Asmar - Beyrouth
MédiArabe.Info

Le site "Elaph.com" reprend, ce 3 février, un rapport de la CIA qui évoque "les enfants sunnites du Wali Al-Faguih" chiite, et affirme qu’une alliance régionale a été mise sur pieds par l’Iran, regroupant les radicalismes sunnites et chiites, pour déstabiliser le Proche-Orient et parvenir à réaliser l’empire perse. Exactement comme l’avait évoqué MediArabe.info en mars 2008.

Cette analyse justifie a posteriori les accusations égyptiennes portées contre Téhéran et surtout contre Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah libanais, qualifié par la presse égyptienne d’« agent iranien ». Effectivement, Nasrallah ne s’en cache pas et insiste, à chaque occasion, sur sa fierté d’être « un soldat dans l’armée de Wali Al-Faguih », littéralement « le vicaire de Dieu sur terre », l’ayatollah Ali Khamenaï.

Le rapport attribué à la CIA cite en effet tous « les enfants naturels, sunnites, de la Révolution chiite iranienne ». Il en va du Hamas, du Jihad islamique palestinien, mais aussi du Jihad islamique en Egypte qui fut dirigé par Ayman Al-Zawahiri, avant de fusionner dans Al-Qaïda. Grâce au Hamas palestinien, qui est l’une des émanations des Frères musulmans, l’Iran a réussi à s’allier à cette Confrérie, en dépit de son extrémisme sunnite. Ceci s’est fait grâce à deux principaux facteurs : la victoire du Hezbollah au Liban en 2006, et un changement de ton iranien enregistré ces dernières années. Téhéran a en effet accentué ses critiques et concentré sa mobilisation contre le « Grand Satan » et le « Petit Satan » (respectivement les Etats-Unis et Israël), en occultant les conflits secondaires opposant Sunnites et Chiites, notamment en Irak, et en valorisant la cause palestinienne, si chère aux Arabes et aux Sunnites.

La République islamique a également réussi à s’attirer les faveurs des Sunnites en soutenant Al-Qaïda et les Taliban en Afghanistan, et en accueillant des dizaines de cadres de l’organisation de Ben Laden en Iran, après la chute de l’Etat islamique en Afghanistan. Parallèlement, Téhéran a créé une chaîne de télévision arabophone, sous l’impulsion de Ali Larijani, le fils idéologique de Khamenaï. La télévision « Al-Alam » a ainsi apporté un soutien sans faille aux opérations suicides en Israël, recueillant du même coup l’adhésion des Sunnites arabes. Aujourd’hui, avec le lancement du satellite iranien « Omid » (Espoir), et l’apparition de missiles balistiques capables d’atteindre l’Europe et Israël (Safir-2, d’une portée de 4.000 km), les illuminés seront de plus en plus nombreux à se bousculer pour prêter allégeance aux Mollahs, afin de détruire Israël et châtier les Etats-Unis...

Ce faisant, l’Iran a fini par faire oublier son silence complice que lui reprochaient les Frères musulmans depuis les massacres commis par leur allié syrien, le chiite (alaouite) Hafez Al-Assad contre les Sunnites en Syrie, en 1982... Téhéran parvient, peu à peu, à exporter sa révolution non seulement en s’appuyant sur les minorités chiites qui résident dans les pays arabes (Bahreïn, Arabie, Koweït, Liban, Syrie), mais aussi en exploitant les Sunnites. « Une alliance regroupant les radicaux des deux côtés menace la stabilité de la région et permet à Téhéran d’atteindre l’objectif stratégique que les anciens régimes y ont échoué », à savoir étendre l’influence iranienne sur toute la région, conclut le rapport américain [Lire à ce sujet l’Empire perse].

Cette analyse, publiée le 3 février 2009, reprend exactement l’esprit de l’éditorial de MediArabe.info publié il y a déjà dix mois, plus précisément le 25 mars 2008. Pour relire notre analyse, intitulée « Entre le Hezbollah de Hassan Nasrallah et Al-Qaïda de Ben Laden et Al-Zawahiri : complémentarité ou concurrence ? », cliquez ici.

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