Chronique d'une pensée crypto-totalitaire



Cet Eric Zemmour, quand même, quel coquin. Quel vil provocateur, quel ennemi du
vivre-ensemble. Figurez-vous que, dans un débat intitulé « Demain, tous métis ? » il a osé – quelle horreur ! – affirmer l’existence des races. Heureusement, la bronca bien-pensante française s’est levée comme un seul homme pour exiger la lutte contre le retour de la bête immonde. On parle de retour de la « droite dure », on l’accuse de faire l’éloge de la supériorité de la race blanche. De grands intellectuels nous expliquent que la simple affirmation de l’existence des races est faire preuve de racisme sans « l’ombre d’une hésitation » sous prétexte que les scientifiques ont prouvés que les races n’existaient pas. D’autres font le lien entre l’usage du mot « race » par Eric Zemmour et son affirmation d’une hiérarchie des cultures, l’accusant de sous-entendre par hiérarchie des cultures une hiérarchie des races.

Impressionnant quand même. Le ban et l’arrière-ban de l‘antiracisme a été mobilisé pour ça. On pourrait faire remarquer que dans le pseudo-débat où a été invité Eric Zemmour, les trois autres invités avaient tous la même opinion, que la pseudo-journaliste arbitrant le débat état d’un parti-pris assumé et que Zemmour a été empêché de développer ses idées – sincèrement, il a plus de temps pour parler chez Ruquier que dans ce qui était sensé être un débat, c’est dire ! On pourrait faire remarquer que les propos du journaliste du Figaro auraient été moins choquant si on lui avait permis de les expliciter, plutôt que de le couper sans arrêt et de changer de sujet à chaque fois qu’il commençait à pouvoir dire quelque chose.

Mais il y a quand même plus important. Déjà, on remarque que Vincent Cespedes, le philosophe apôtre du métissage qui était invité et qui expliquait à Zemmour que non, mille fois non, les races n’existent pas, a lui-même
posé l’existence des races dans la même émission un quart d’heure plus tôt en expliquant que dans le bassin méditerranéen, il y avait une tradition de métissage des races. Ensuite, il y a quand même quelque chose de bizarre dans le fait que la totalité de la presse française a fait l’éloge de l’élection du premier président noir de l’Histoire des Etats-Unis, posant ainsi de facto l’existence des races. Et puis, n’oublions pas que l’article 1er de la Constitution française pose l’existence des races. D’ailleurs, tant que j’y suis, n’oublions pas de préciser que Claude Lévi-Strauss a intitulé un de ses livres Race et Histoire. Ainsi que tous ceux qui se lamentent que l’Assemblée nationale ne compte que des blancs.

Donc résumons. L’Etat français est très officiellement raciste. Vincent Cespedes est raciste. La totalité de la presse française est raciste. Claude Lévi-Strauss, que l’on nous présente – à juste raison – en ce moment comme l’un des plus grands, si ce n’est le plus grand, intellectuel du 20ème siècle est raciste. Et tant qu’on y est, Barack Obama est raciste aussi, ainsi que toute son équipe de campagne, vu qu’il a fait tout un discours sur la question raciale. Bref, à coté de tout ça, j’avoue avoir un peu de mal à comprendre ce qu’on reproche à Eric Zemmour, qui n’est guère qu’un raciste parmi tant d’autres.

Ah mais Eric Zemmour, en plus, a parlé de supériorité des races, en se servant du prétexte de la supériorité des cultures. On touche là l’aspect le plus important de la logique antiraciste, qui consiste à transformer les mots et les paroles. Pour moi, supériorité des cultures veut dire supériorité des cultures, point barre. Pas supériorité des races. On peut le contester, mais pas le taxer de racisme. En plus Eric Zemmour a surtout parlé de la supériorité de la littérature française, et pas vraiment de supériorité des cultures, en tout cas ça ne m’a pas frappé quand j’ai regardé l’émission. On peut là encore le contester – navré, mais pour moi Shakespeare est au dessus de tout – mais si estimer que la littérature française est la meilleure du monde est être raciste, c’est quand même y aller fort.

D’ailleurs, en quoi affirmer l’existence des races serait raciste ? Le racisme consiste à poser la supériorité des races, pas leur existence. Ah, mais Michel Wieviorka nous explique que c’est raciste car « les scientifiques, à commencer par les généticiens, ont apporté la démonstration du caractère fallacieux de l'idée de races ». Alors, comment dire… Cette phrase serait tout à fait acceptable de la part d’un adolescent boutonneux qui veut jouer à mai 68. Elle le serait même de la part d’un honnête homme cultivé qui croit en la raison et en la science mais n’a jamais étudié la sociologie des sciences. Mais elle ne l’est pas de la part d’un grand sociologue comme Michel Wieviorka.

Car quiconque a étudié un peu de sociologie des sciences, et je ne doute pas une seconde que Michel Wieviorka l’ai fait, sait que la science n’est absolument pas indépendante de la demande sociale, et que la science produit ce que l’on veut lui faire dire. En claire, la science dit que les races n’existent pas parce que la société le lui a demandé, et je vous assure que si un scientifique cherche à montrer que les races existent, il le fera sans aucun problème. La preuve en est qu’avant la Seconde Guerre mondiale, non seulement la science postulait que les races existaient, mais en plus qu’il y avait une supériorité des races. Pourquoi le faisait-elle ? Parce que la société le lui demandait. C’est aussi simple que ça.

Pour ma part je considère que les races existent, même si on peut en
débattre et que, fondamentalement, c’est un sujet tout sauf important. Si on prend la définition que l’on applique aux animaux – et l’homme est et restera toujours un animal, si on oublie ça on rentre droit dans une conception totalitaire de l’espèce humaine – les races existent belles et bien : des populations individualisées d’une même espèce ayant des caractères morphologiques et physiologiques héréditaires bien distincts des autres populations. Ca correspond parfaitement, non ? Et je ne vois pas en quoi cela fait de moi un raciste, car je ne pose aucunement la supériorité des races (bien au contraire d’ailleurs, les bâtards, ayant un patrimoine génétique plus riches, sont plus forts que ceux de race « pure »). Bien sûr si un académicien décide de changer la définition de racisme pour en faire « poser l’existence des races », je serais raciste, sauf qu’alors, le mot racisme ne voudrait plus rien dire. On passerait clairement à la novlangue.

D’autres estiment que l’on ne devrait pas user du mot race car il a produit des guerres, des massacres, des épurations ethniques, des génocides. Certes. Mais faut-il pour autant se restreindre le champ de la pensée ? Et puis tant qu’on y est, pourquoi ne pas interdire le mot religion ? Le mot nation ? Le mot culture même ? (Car combien de morts au nom de différences culturelles ?) Pourquoi ne pas interdire d’étudier l’Iliade ?

Bref, tout ça pour dire que le plus choquant dans cette affaire, c’est bel et bien que l’antiracisme cherche à nous interdire de penser et à modifier le langage, et qu’un grand intellectuel pour qui j’avais du respect, Michel Wieviorka en l’occurrence, n’hésite pas à mentir et à oublier ses connaissances pour porter un message politique. On savait déjà que l’antiracisme voulait modifier le passé, mentir sur le présent, brûler des livres, le tout pour construire une société idéale nouvelle. On sait maintenant (bon, certes, on le savait avant) qu’il veut changer le sens des mots et restreindre le champ de la pensée. Orwell, revient, ils sont devenus fou !

Ce n’est pas pour rien d’ailleurs que c’est en ce moment que le gouvernement projette de
supprimer les épreuves de culture générale pour les fonctionnaires de catégorie B et C. Il n’est même plus la peine de demander aux gens d’être capable de penser, vu que de toute façon, on cherche à nous en empêcher. Certes, il ne sert à rien pour être pompier de passer un examen d’histoire, mais les agents de l’Etat ne doivent-ils pas être capables de réfléchir par eux-mêmes plutôt que d’être de parfaites machines ? Et d’ailleurs, n’est-ce pas l’un des rôles de l’Etat que d’inciter les gens à se cultiver et à penser ?

Que vivent le théâtre, la philosophie, l’Histoire, les lettres, la sociologie et toutes les humanités ! (Et toutes les disciplines universitaire d’ailleurs.) Ca ne sert peut-être à rien pour trouver du travail – et encore, aux Etats-Unis un diplômé en lettres moderne trouve très facilement du travail avec un salaire tout à fait relié à son niveau d’étude et a sa mention – mais au moins cela rend intelligent. Et ce n’est pas parce que le CRAN, la HALDE, le MRAP, Télérama ou le gouvernement veulent nous transformer en machine uniformes à produire et à consommer que nous devons les suivre.

Ah, au fait, j’oubliais : il est évident qu’Eric Zemmour a été victime de cette cabale bien-pensante parce qu’il est le seul journaliste médiatique à porter un discours ne correspondant pas à l’idéologie antiraciste dominante à la télévision, et que ses adversaires ont cru trouver là un moyen de le faire taire.

Gabriel Bendayan pour jeunedroite.over-blog.com

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