L'histoire des juifs du Canada



Les Juifs canadiens sont la quatrième plus grande communauté juive du monde. Le recensement effectué en 2001 indique qu'il y a 350 000 Juifs vivant au Canada mais certaines estimations placent leur nombre à plus de 400 000 citoyens.
Bien qu'ils soient une petite minorité, les Juifs ont été importants pour le développement de la culture canadienne depuis le Traité de Paris de 1763. Ils se sont illustrés dans toutes les sphères d'activité humaine de la société.
Avant 1763, le peuplement du pays était réservé aux catholiques, tel que l'avait décrété Louis XIV en 1663.
Quand Jeffrey Amherst eût envahi Montréal en 1760, plusieurs de ses officiers étaient des Juifs, dont Aaron Hart, et Issac Miramer.
La plupart des premiers Juifs canadiens étaient des marchands de fourrure, des militaires et des propriétaires terriens. Alors que la communauté juive de Montréal ne comptait que deux cent membres, elle a construit la première synagogue en 1769, appelée Shearith Israel. À Québec, le premier habitant juif est Abraham Jacob Franks.
Avant 1850, la population juive était estimée à seulement 450 habitants. Toutefois, à partir des années 1880, de très nombreux Juifs quittèrent le pal d'établissement pour fuir les pogroms russes. Les États-Unis apparaissaient à ce moment comme une destination de choix, mais le Canada a aussi accueilli de nombreux immigrants. Ainsi, en 1930, le nombre de Juifs atteignait le nombre de 155 000 habitants.

Le recensement canadien de 1871 indique qu'il y avait 1 115 Juifs au Canada, dont 409 à Montréal, 157 à Toronto et 131 à Hamilton et d'autres communautés dispersées le long du fleuve Saint-Laurent. Il y avait aussi une communauté de cent personnes établies à Victoria qui travaillaient pour les prospecteurs de la ruée vers l'or du caribou et de la ruée vers l'or du Klondike. Cela mena à l'ouverture de la première synagogue britanno-colombienne en 1862.
L'immigration juive entraîna la création des kehillas pour s'occuper des affaires de la communauté. La vaste majorité des nouveaux arrivants étaient très pauvres. Les philanthropes juifs, qui s'étaient établis au pays plusieurs années plus tôt, se sont sentis obligés d'aider ces immigrés dans le besoin. Abraham De Sola, qui avait fondé la société philanthropique hébraïque, fut l'un de ceux-là. En même temps, des associations sont fondées pour réunir les gens issus des mêmes villages et des mêmes régions.
À la fin des années 1800 et au début des années 1900, il y eut de grands efforts pour établir des colonies juives dans les Prairies canadiennes. Toutefois, l'implantation ne fut pas une réussite, car les immigrants juifs est-européens n'avaient pas obtenu le droit de posséder des terres agricoles dans leur terre natale. À Yid'n Bridge cependant, une communauté de Juifs sud-africains s'est rapidement développée et est devenue un succès.
La majorité des Juifs canadiens de l'époque étaient des propriétaires de magasins et des marchands. Beaucoup d'entre eux ont bâti de nouvelles lignes ferroviaires, vendant des biens de construction aux travailleurs de construction, qui souvent étaient aussi des Juifs. Certains postes coloniaux se sont par la suite développés en villes prospères. À l'ouest, certains colons travaillaient dans les pêcheries. B'nai B'rith est la première organisation majeure à s'implanter dans le milieu juif canadien.
À l'éclatement de la Première Guerre mondiale, il y avait approximativement 100 000 Juifs canadiens, dont les trois quarts vivaient à Montréal ou Toronto. Souvent, les enfants des réfugiés européens travaillaient comme colporteurs, mais plusieurs se sont acheminés en tant que détaillants et grossistes. Les Juifs canadiens ont joué un rôle essentiel dans le développement de l'industrie canadienne du textile.

Les marchands juifs sont passés des grandes villes aux petites communautés, construisant des centres communautaires, des synagogues et des écoles au fur et à mesure. La population grandissait, mais les dénominations et les congrégations séparées se développaient aussi. Le Congrès juif canadien (photo ci dessus du 2ème congrès juif canadien) fut fondé en 1919 en tant que regroupement de plusieurs petites associations pour faire entendre la voix des immigrants et des autres Juifs du pays. Toutefois, après la grande guerre, l'immigration au pays fut restreinte par de nouvelles lois.
Lors de l'entre-deux-guerres, l'immigration juive provenait presque exclusivement des États-Unis et de la Grande-Bretagne. Les législateurs de cette période avaient rendu difficile le passage des juifs européens, asiatiques et africains, car il ne correspondaient pas au modèle social anglo-saxon répandu sur le continent nord-américain. En réaction à la grande dépression, le gouvernement canadien a mis davantage de restrictions sur l'immigration.
Alors que Mackenzie King était premier ministre, il recevait constamment les appels de Samuel Bronfman pour soulager les souffrances des Juifs européens. Une grave controverse existe à ce sujet, car seulement 5 000 Juifs auraient été admis dans le pays entre 1933 et 1945. Le Canada a proportionnellement admis moins de Juifs que tous les autres pays occidentaux libres de l'occupation.
En dépit de cela, 20 000 Juifs canadiens se sont présentés pour combattre dans l'armée canadienne dans le but de libérer les populations opprimées de l'Europe. Le B'nai Brith (emblème visible sur la première photo) avait organisé des regroupements militaires.
Après la guerre, le Canada a libéralisé sa politique migratoire et 40 000 survivants de l'Holocauste sont venus à la fin des années 1940. Plus tard, dans les années 1950, plusieurs milliers de Juifs ont émigré du Maghreb, en particulier des Juifs marocains pour s'établir à Montréal, où la langue française leur permettait de s'adapter rapidement. En tout, la population juive d'après guerre est passée de 170 000 à 260 000 habitants. Plus intégrée à la vie canadienne qu'auparavant, son statut de minorité est officiellement valorisé par la politique canadienne de multiculturalisme inscrit dans la constitution canadienne depuis 1971 par Pierre Elliott Trudeau.

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