Réactions syriennes aux premiers contacts avec le gouvernement Obama : Les Etats-Unis ont capitulé face à la Syrie et l'Iran


LIEBERMAN : "NOUS PROPOSONS LA PAIX CONTRE LA PAIX !"
: O. Winter


Depuis l'entrée en fonction du gouvernement Obama, des contacts ont été établis entre les Etats-Unis et la Syrie : les ministres des Affaires étrangères des deux pays ont échangé une poignée de mains (2 mars 2009) lors de la Conférence de Charm El Cheikh, (1) des visites de plusieurs délégations du Congrès ont eu lieu en Syrie, et l'ambassadeur de Syrie à Washington Imad Mustafa s'est entretenu avec le secrétaire d'Etat adjoint aux affaires proche-orientales Jeffrey Feltman. (2)

En entamant le dialogue, les deux côtés ont exprimé un optimisme prudent quant à ses chances de succès. Dans une interview au quotidien des Emirats arabes unis Al-Khaleej, le président syrien Bashar Al-Assad a déclaré que malgré les intentions apparemment bonnes du gouvernement Obama, la Syrie attendait de recevoir des précisions au sujet de la politique américaine. (3) Dans un entretien paru dans le Guardian, Assad a déclaré : "Nous avons le sentiment que ce gouvernement sera différent, et percevons les signes [d'un changement]. Mais nous devons attendre de voir les résultats." (4)

La Secrétaire d'Etat Hillary Clinton a, quant à elle, déclaré qu'il était trop tôt pour dire que "la glace avait fondu" entre Damas et Washington (5) tandis que son adjoint, Jeffrey Feltman, a déclaré, après son entrevue du 15 février 2009 avec le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Al-Mouallem, que les Etats-Unis n'étaient pas encore parvenus à un accord avec la Syrie sur les questions épineuses. (6) Un message plus optimiste a été transmis par John Kerry, président du comité des affaires étrangères du Sénat, et Howard Berman, président du comité des Affaires étrangères à la Chambre des représentants, suite à leur entrevue avec le président Assad. Kerry a déclaré que malgré les désaccords, une véritable coopération était possible entre les deux pays dans différents domaines, tandis que Berman a dit souhaiter que les Etats-Unis et la Syrie tournent la page dans leurs relations. Il a ajouté que la politique consistant à isoler la Syrie s'était avérée inefficace et qu'il était nécessaire de poursuivre le dialogue. (7)

Selon la presse arabe, les Etats-Unis ont présenté à la Syrie une liste de conditions à l'amélioration des relations entre les deux pays. Lors d'une conférence de presse tenue à Beyrouth avant son arrivée à Damas, Kerry avait déclaré que la Syrie devait respecter l'indépendance du Liban, présenter une solution aux conflits inter-palestiniens et aux conflits opposant le Hezbollah aux autres factions libanaises, promouvoir l'application de la Résolution 1701 des Nations unies et modifier son comportement vis-à-vis de l'Irak. Il a ajouté que le gouvernement Obama attendait des résultats, non des discours. (8) Benjamin Cardin, membre du comité des affaires étrangères au Sénat, a demandé que la Syrie cesse de financer le terrorisme, l'appelant au respect des droits humains et de la liberté d'expression, et qualifiant ses relations avec l'Iran de "préoccupantes". (9)

Un haut responsable au Département d'Etat américain a confié au quotidien libanais Al-Nahar que lors de l'entretien entre Feltman et l'ambassadeur de Syrie à Washington, le premier avait évoqué le soutien de la Syrie au terrorisme, ses efforts pour obtenir l'arme nucléaire, son implication au Liban et la détérioration de la situation des droits de l'Homme en Syrie. (10) Le quotidien libanais Al-Akhbar rapporte que si la Syrie rompait les liens avec l'Iran, le Hezbollah et le Hamas, ainsi qu'avec d'autres factions palestiniennes qui opèrent sur son territoire, les Etats-Unis seraient disposés à prendre part aux négociations israélo-syriennes, à ôter la Syrie de la liste des Etats soutenant le terrorisme et à lever les sanctions qui lui sont actuellement imposées. (11)

Réactions syriennes au renouveau du dialogue avec les Etats-Unis : la Syrie n'a aucunement l'intention de changer sa politique et continuera de faire partie du camp de la résistance. Ce sont les Etats-Unis qui doivent changer de politique.

Après l'ouverture du dialogue américano-syrien, des porte-parole du régime syrien et des articles parus dans la presse syrienne ont exprimé les positions suivantes :

- La Syrie n'a pas l'intention de modifier sa politique et continuera de faire partie du camp de la résistance. C'est aux Etats-Unis de modifier leur politique en levant les sanctions imposées à la Syrie, en nommant un ambassadeur à Damas et en ouvrant le dialogue avec les forces de résistance.
- En entamant le dialogue avec la Syrie, les Etats-Unis ont capitulé face à la résistance et reconnu l'importance de la Syrie et de l'Iran.
- L'entrée en fonction du gouvernement Obama ne présage pas d'une amélioration des relations avec la Syrie.


Lire le rapport intégral en anglais :
http://memri.org/

Notes :
[1] Al-Watan (Syrie), 3 mars 2009.
[2] Une délégation dirigée par le membre du Congrès Adam Smith s'est rendue en visite en Syrie fin janvier 2009. Trois autres délégations du Congrès, respectivement dirigées par Benjamin Cardin, John Kerry et Howard Berman se sont rendues en Syrie en février 2009. En outre, début mars 2009, Jeffrey Feltman et Daniel Shapiro, membre du Conseil de la sécurité nationale, se sont entretenus à Damas avec le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Al-Mouallem.
Al-Watan (Syrie), 1, 19, 22 février 2009,
Al-Thawra (Syrie), 27 février et 8 mars 2009.
[3] Al-Khaleej (Emirats arabes unis), 9 mars 2009.
[4] The Guardian (Royaume-Uni), 17 février 2009.
[5] Reuters, 26 février 2009.
[6] Al-Sharq Al-Awsat (Londres), 8 mars 2009.
[7] Al-Watan (Syrie), 22 février 2009.
[8] Al-Hayat (Londres), 19 février 2009.
[9] Al-Watan (Syrie), 19 février 2009.
[10] Al-Nahar (Liban), 27 février 2009.
[11] Al-Akhbar (Liban), 12 mars 2009.

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